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Comment la Belgique est devenue une machine à marquer

Guillaume Gautier
Guillaume Gautier Journaliste

Avec 43 buts inscrits dans ces qualifs, la Belgique égale l’Allemagne, championne du monde en titre.

Même dans la boue de Sarajevo, la Belgique a confirmé la tendance majeure de cette campagne de Russie : les Diables de Roberto Martinez ont trouvé leur chemin vers les filets adverses. Une réalité absente du temps de Marc Wilmots, quand l’exploit individuel régnait sur les lois collectives. Avec ses idées espagnoles, le sélectionneur a hiérarchisé les hommes et les missions, pour installer un jeu offensif plus précis face aux défenses regroupées qui se dressent sur la route des Belges. La Belgique ne marque plus jamais en contre, une pratique pourtant considérée comme l’écosystème préféré de la plupart de ses prédateurs offensifs. Et pourtant, les hommes de Martinez affichent l’une des attaques les plus prolifiques du continent.

Le football belge édition 2017 démarre dans son propre camp, avec une défense qui n’a plus peur des prises d’initiative. En montant avec le ballon, Jan Vertonghen et Toby Alderweireld créent la situation réclamée par leur sélectionneur : un surnombre sur leur flanc. À droite, là où les Diables ont été les plus prolifiques (Thomas Meunier est directement impliqué dans 12 buts sur l’ensemble de la campagne, Dries Mertens dans 11), Alderweireld se joint à Meunier, Mertens et Kevin De Bruyne pour dessiner un losange difficile à contrer pour leurs adversaires. La combinaison idéale se fait alors en trois temps : Toby verticalise le jeu vers Dries, qui remise à KDB, lequel envoie la balle dans la course de Meunier, libéré de tout marquage pour délivrer un bon centre ou rentrer ballon au pied dans le rectangle, là où Romelu Lukaku (10 buts en 7 matches) fait la loi, bien remplacé par Michy Batshuayi ou Christian Benteke quand il ne peut pas tenir son rang.

Les adversaires s’adaptent à ce plan belge de plus en plus clair. En Bosnie, Mecha Bazdarevic avait décidé de profiter de l’état du terrain, laissant De Bruyne et Marouane Fellaini hors du pressing pour concentrer ses forces défensives sur la remise de Mertens. Mal à l’aise dos au jeu et sous pression, le Napolitain ne pouvait pas faire courir le ballon en une seule touche au vu de l’état de la pelouse, et était incapable de donner de la continuité à la possession belge. Heureusement pour les Diables, Eden Hazard l’a rapidement compris. Le capitaine a profité de sa totale liberté entre les lignes pour transformer le losange belge en pentagone, et sa capacité hors du commun à conserver la balle sous pression a rapidement transformé la possession en but, au bout d’une combinaison parfaite avec Thomas Meunier, incarnation de ces joueurs de couloir (car souvent imité par Yannick Carrasco) qui rentrent dans le jeu pour achever de surprendre un adversaire déboussolé.

La libération d’un flanc, si difficile à obtenir dans le 4-2-3-1 précédent où Hazard, Mertens et Carrasco subissaient des prises à deux sans recevoir le soutien de latéraux qui n’en étaient pas, est devenue la marque de fabrique du football diabolique. Rapidement enfermés à gauche, là où Hazard et Carrasco concentrent une bonne partie de l’attention adverse, les Belges s’amusent de l’autre côté du terrain, grâce à l’efficacité hors-normes de Meunier et à la menace aléatoire que représente Mertens. Le danger vient de partout, car la prise de risques est conséquente. Bien sûr, la Belgique découvre ses arrières. Mais avant de penser à lui mettre un but, l’adversaire se demande surtout comment ne pas en prendre deux.

Par Guillaume Gautier

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