© AFP

Buffon, en chiffres, en lettres et en poésie

L’Italie n’a pas beaucoup d’atouts, pas beaucoup de jeunes ni beaucoup de talent. Mais l’Italie a Gianluigi Buffon, jeune homme de 38 ans, amoureux déclaré de sa ligne de but, jamais lassé de décrocher des titres ni de battre des records.

Au fond, Buffon est un jeune gardien de but. Car ce n’est qu’à 12 ans que l’homme de Carrare a quitté son poste de milieu offensif pour s’installer sur cette ligne à laquelle il a rendu en mars un étonnant et poétique hommage écrit.

« J’avais 12 ans quand je t’ai tourné le dos (…) C’est justement quand j’ai arrêté de te regarder en face que j’ai commencé à t’aimer. Je me suis promis de tout faire pour ne plus croiser ton regard. Ou alors le moins possible. Et chaque fois, cela a été une souffrance de devoir me retourner et de réaliser que je t’avais déçu, encore une fois (…) J’avais 12 ans quand j’ai tourné le dos à mon but. Et je continuerai à le faire. Jusqu’à ce que les jambes, la tête et le coeur le permettent« , écrivait alors Buffon.

Pour l’heure, les jambes, la tête et le coeur répondent présent sans problème et à 38 ans, Buffon reste d’assez loin le plus performant des gardiens italiens. Sa place n’a d’ailleurs jamais été sérieusement remise en cause. Il est aussi l’un des meilleurs spécialistes d’Europe et, surtout, l’un des rares points forts d’une sélection avec laquelle il s’apprête un disputer un neuvième tournoi international (déjà cinq Coupes du monde et trois Euros).

Habitué des déclarations douteuses et des dérapages, le président de la fédération italienne Carlo Tavecchio est curieusement beaucoup mieux inspiré quand il s’agit de parler du « totem » Buffon et de ses 156 sélections. « Il est l’image du football italien. Il sera notre phare en France et c’est un élément essentiel de la Nazionale. Dans le football, il y a beaucoup d’étoiles filantes mais lui est une étoile polaire », a-t-il estimé.

973 minutes sans but encaissé

L’étoile brille encore un peu plus depuis cette saison, marquée par un septième titre de champion d’Italie (lui en compte neuf avec les deux retirés à la Juve en 2005 et 2006 pour cause de scandale du Calciopoli) et un record d’invincibilité avec 973 minutes sans but encaissé en championnat.

C’est mieux que Sebastiano Rossi, l’ancien détenteur du record avec l’AC Milan, et c’est mieux que Dino Zoff, l’autre légende italienne du poste, le seul à même de rivaliser avec Buffon dans le coeur des tifosi italiens.

Son rôle central dans le vestiaire, capitaine charismatique et leader, sa façon de hurler le « Fratelli d’Italia », yeux fermés et broyant l’épaule de son voisin, le malheureux Chiellini en général, contribuent aussi à entretenir son image de légende de la Nazionale.

Et avec la Juventus, c’est un monstre sacré en costume-cravate et pento dans les cheveux qui s’est présenté devant la presse quelques jours après le nouveau titre bianconero. Il a annoncé qu’il prolongeait son contrat jusqu’en 2018, avec l’objectif annoncé de gagner enfin la Ligue des Champions après deux finales en 2003 et 2015.

Et peut-être a-t-il une autre idée en tête ? Une deuxième Coupe du Monde avec l’Italie en Russie ? Il aurait plus de 40 ans et battrait un nouveau record, celui du champion du monde le plus âgé. Celui de Dino Zoff.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire