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Brillant : « C’est un peu fou comme trip « 

Certains parleraient de mid-life crisis, Frédéric Brillant, actuel premier du championnat de MLS avec New York City préfère y voir une occasion unique de changer le cours d’une carrière jusqu’ici un brin monotone. Passé en quelques semaines du statut de roue de secours d’Ostende à celui de patron d’une des défenses les plus ambitieuses de MLS, Frédéric Brillant vit son rêve américain à fond dans le New York 2.0 des Pirlo, Villa et Lampard. Rencontre avec un homme heureux.

 » J’imagine que je ne vous surprends pas, si je vous dis que ce transfert a changé ma vie. C’est inattendu par rapport à beaucoup de choses en fait. Dans une carrière, on a souvent des touches à gauche à droite. Personnellement, j’en avais eu avec la Turquie ou les Émirats, mais quand un cador de la MLS représenté par Patrick Viera (le coach de New York City depuis cette saison, NDLR) vient vous chercher, ça change tout. Je savais qu’ils étaient en train de scruter en Belgique pour un défenseur central avec de l’expérience. La première fois, ils sont venus à l’occasion d’un déplacement d’Ostende à Anderlecht (le 13 décembre 2015, NDLR). Ils n’étaient pas spécialement là pour moi, mais j’avais fait un bon match et ils se sont donc intéressés à mon profil. J’ai tout de suite dit que ça pouvait être un beau challenge, mais dans un premier temps, je suis resté sur la réserve. Honnêtement, je ne pensais pas que ça allait se faire. Puis, finalement, j’ai eu le coach au téléphone. Au départ, c’est intimidant de parler à un champion du monde 1998, mais dès le moment où je l’ai rencontré, le courant est directement bien passé. Peut-être que le fait que ce soit sa première expérience à la tête d’une équipe professionnelle joue aussi, mais en tout cas, il parvient à alterner les moments de rigolades avec des moments plus sérieux. En fait, c’est quelqu’un de très humble, avec qui on peut parler tranquillement.

 » Je ne suis pas venu pour l’argent « 

Pour être honnête, je gagne un peu plus ici, mais ce n’est pas énorme comme différence. D’ailleurs, sincèrement, je ne suis pas venu ici pour ça. Bien sûr, à mon âge (31 ans, NDLR), il fallait que je m’y retrouve aussi. J’ai un contrat de deux ans plus une en option. Pourquoi ne pas renouveler ? On verra, mais aujourd’hui, je préfère avancer sans me poser trop de questions. À terme, j’ai pour objectif de passer mes diplômes d’entraîneurs. À la base, je comptais les passer rapidement en Belgique, ici ce sera plus compliqué, parce que mon anglais n’est pas encore top. Cela ne m’empêche pas de communiquer un peu avec tout le monde dans le vestiaire. Andrea Pirlo, David Villa, Franck Lampard, ce sont des bons gars, on peut parler, rigoler, ce sont des mecs assez ouverts. Après, ils ont évidemment un tout autre train de vie que nous. Ce n’est pas le même monde, mais malgré tous nos relations sont extrêmement simples. Dans le vestiaire, on est tous égaux, en dehors, c’est différent. Eux, ils croulent sous les demandes médiatiques en permanence, nous, normalement, on nous laisse tranquilles.

 » David, Andréa et Franck, c’est des marrants « 

Je dois reconnaître que , la première semaine, quand j’ai rejoint le groupe en stage en Floride, c’était étrange. Comme si je ne vivais pas ma propre vie. Je mangeais avec Pirlo, alors que je me rappelais encore d’un match de coupe du monde autour d’un barbecue avec mes potes où on s’enflammait à chacune de ses touches de balles. C’est un peu fou comme trip. Très enthousiasmant, très excitant. Maintenant, c’est gars-là, je les appelle par leur prénom David, Andréa, Franck, c’est marrant.

Et puis la MLS, c’est un autre monde. Chaque match est une fête, avec feu d’artifice et plus surprenant encore l’hymne national qui résonne systématiquement avant chaque match. Il n’y a jamais de temps mort aux États-Unis. Dès la fin du match, les journalistes pénètrent dans les vestiaires alors qu’on est encore dans les douches. Il y a à peine une banderole pour nous laisser un espace vital. Et puis ici, à New York, on joue au Yankee Stadium qui est basé dans le Bronx. C’est évidemment un lieu mythique du sport américain, mais c’est aussi une sensation étrange d’évoluer dans un stade conçu pour la pratique du base-ball. On ne sait pas trop comment se situer, parce que la surface n’est pas rectangulaire, mais bon, on s’y fait. Notre centre d’entraînement, lui, est à White Plane ou je vis également. C’est dans le Westchester au nord de Manhattan. C’est moins speed que Manhattan, mais ça vit quand même pas mal.

 » J’ai pris un sacré coup de bambou à mon arrivée »

Ce qui est amusant, c’est qu’ici je suis considéré comme le défenseur expérimenté. Sans prétention, je pense qu’il cherchait une base centrale. Le problème, c’est que je suis arrivé avec un gros coup de fatigue. Je pensais que ça allait rouler, mais finalement, peut-être à cause de la paperasse, de l’hôtel, de tout ce que j’avais à faire, j’ai forcé. J’étais dans le dur, mais le coach m’a quand même lancé contre Chicago au premier match. Je crois que c’était de très loin le pire match de ma carrière. Puis, petit à petit, j’ai relevé la tête, on m’a laissé me reposer deux matchs et je me suis installé. Et au fur et à mesure, tout est rentré dans l’ordre. Mais vraiment, j’ai pris un sacré coup de bambou à mon arrivée. Indépendamment de l’attente que mon arrivée pouvait susciter ici à New York, il y avait aussi la pression d’un entourage qui était tout feu tout flamme. Tout le monde me demandait des maillots d’Andréa, Franck ou David. Les gens étaient vraiment fiers de moi, c’était grisant, ça te met un petit boost, mais il faut savoir répondre à l’attente derrière. C’est ce que j’ai fait et aujourd’hui, je ne peux qu’en être fier. Ce transfert a cassé ma routine dans laquelle je m’installais inévitablement en restant à Ostende. « 

Par Martin Grimberghs

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