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Brexit: quelles conséquences pour la Premier League ?

Stagiaire Le Vif

Les Britanniques viennent de voter en faveur de la sortie du Royaume-Unis de l’Union Européenne. Au-delà des conséquences politiques, économiques ou sociales que cela pourrait engendrer, cette décision aura aussi des répercussions sur le sport et en particulier sur le football.

La Premier League fut longtemps considérée comme le plus grand championnat du monde. Si cette allégation est remise en question ces dernières années, il n’en demeure pas moins vrai que le championnat anglais est celui qui génère les droits de retransmissions les plus importants.

Véritable empire financier, l’élite anglaise pourrait cependant souffrir des mesures inhérentes à la sortie du Royaume-Uni de la Communauté européenne. Alors que, pour le moment, tous les joueurs des pays membres de l’UE peuvent évoluer librement en Premier League (grâce à la libre-circulation des personnes dans l’espace européen), ce statut pourrait être mis à mal.

Les joueurs européens seraient alors soumis aux mêmes conditions que les joueurs « extracommunautaires » qui viennent de pays hors UE. Ces derniers doivent obtenir un permis de travail qui est délivré selon des critères très stricts.

122 joueurs de Premier League concernés

En effet, pour pouvoir prétendre évoluer dans le championnat anglais, les joueurs doivent faire partie de l’équipe nationale d’un pays présent dans le top 50 du classement FIFA (dans le top70 jusqu’en 2015). Mais ce n’est pas tout, les prétendants doivent avoir participé à un nombre minimum de rencontres internationales au cours des deux dernières années. Si le pays est dans le top 10, le joueur doit avoir joué 30% des matchs de l’équipe nationale, 45% pour les nations entre la 11ème et 30ème place et le chiffre grimpe à 75% pour le reste.

Selon une étude de la BBC, 332 joueurs des trois divisions les plus importantes du royaume (les deux premières divisions anglaises et la première division écossaise) ne pourraient pas obtenir le précieux permis. Pour la seule Premier League, 122 sont concernés. Pas étonnant quand on sait que 66,5% des effectifs du championnat sont composés de joueurs étrangers, selon l’Observatoire du football du Centre international d’étude du sport. Dans ce cas de figure, des équipes comme Newcastle, Aston Villa et Watford devraient dire au revoir à 11 joueurs de leur effectif.

Pour les Belges, au vu de leur place actuelle au classement FIFA (2ème), cela ne poserait pas énormément de problème. Seuls Boyata, Mignolet et Mirallas (pour ne reprendre que les récents sélectionnés) seraient dans ce cas de figure. Mais pour la France, par exemple, qui n’est que 17ème au classement, des joueurs tels que Payet, N’golo Kanté ou même Martial ne rempliraient pas les critères nécessaires à l’obtention d’un permis de travail.

Moins de liberté pour le recrutement des jeunes

Jusqu’à présent, la présence du Royaume-Uni dans l’UE permettait aussi d’alléger certaines règles concernant le transfert de joueurs mineurs. Ainsi, les joueurs âgés de 16 à 18 ans mais faisant partie d’un des 28 pays de l’UE, pouvaient signer pour un club anglais. Avec le récent référendum, la donne ne sera plus la même. Ainsi, un Adnan Januzaj n’aurait jamais pu s’engager en faveur de Manchester United, de même que Cesc Fabregas avec Arsenal.

Il sera donc plus compliqué pour clubs de l’élite anglaise de recruter des joueurs appartenant au gratin mondial. Pour certains, ces restrictions pousseront les clubs à payer les joueurs plus cher puisqu’ils devront se concentrer sur les grandes stars internationales. Le championnat pourrait aussi perdre en compétitivité et donc voir les investisseurs étrangers se tourner vers d’autres voisins européens.

Pour d’autres, au contraire, le brexit permettrait de remettre à l’honneur les joueurs anglais, trop souvent mis sur la touche au profit des joueurs étrangers. Selon Sol Campbell, ancien international anglais, interrogé par le Mail on Sunday : « Nous avons des équipes remplies de joueurs étrangers médiocres, en particulier européens, qui évincent les jeunes talents anglais ou britanniques. À cause de la libre circulation des personnes, c’est virtuellement impossible pour nous d’avoir un bon contrôle de la situation« .

Néanmoins, il faut tout de même relativiser. Interrogé par Libération, Gregory Ioannidis, professeur de droit à l’université Sheffield Hallam, explique : « Le plus probable, c’est que le Royaume-Uni garde un statut juridique aménagé comme l’ont les pays de l’Association européenne de libre-échange (AELE) tels la Norvège ou la Suisse ». Les répercussions sur la Premier League ne devraient donc pas être aussi drastiques.

Par ailleurs, il ne faut pas oublier qu’aucunes restrictions ne pourront être mises en place avant minimum deux ans, le temps que le Royaume-Unis sorte officiellement de l’UE…ce qui n’est pas encore acté.

François CAHOUR

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