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Avec 22 goals inscrits cette saison, Andrea Belotti emmène le classements des buteurs de Serie A et est peut-être le numéro 9 que toute la Botte attend.

28 novembre 2015. Torino reçoit Bologne lors de la 14e journée de Serie A. A la 75e, le score est toujours vierge lorsque Emiliano Moretti décide de balancer un long ballon à l’entrée du rectangle. Plus vif que Domenico Maietta, Andrea Belotti dévie le cuir de la poitrine, contrôle du gauche, prend de vitesse son opposant direct et enchaîne en un éclair par une frappe puissante à ras de sol, toujours du gauche, qui vient lécher le poteau et termine sa course dans les filets d’Antonio Mirante.

Fou de joie, l’avant du Toro fonce vers ses supporters en mimant de la main une crête de coq (gallo en italien), son signe distinctif à chacun de ses buts. Un geste et un surnom (Il Gallo) qu’il doit à un pote nommé Juri…Gallo. Mais aussi au fait que  » quand j’étais petit, ma tante avait un poulailler et je passais mon temps à pourchasser les coqs « , explique le natif de Calcinate, un village de 6000 habitants de la banlieue de Bergame.

Si ce goal rapportera finalement trois points aux Turinois, il marque surtout un tournant dans la saison de Belotti, qui était resté muet jusque-là. A partir de décembre, le numéro 9 italien alignera 11 buts en 24 rencontres et fait encore mieux cette saison puisqu’après 24 matches de Serie A, Il Gallo en est déjà à 22, ce qui lui permet de trôner en tête du classement des buteurs devant les goleadors habituels que sont Gonzalo Higuain et Edin Dzeko.

Des performances de choix qui lui ont évidemment permis d’attirer l’attention. Ainsi, le Real Madrid, Chelsea et surtout Arsenal le suivraient de près. Mais quiconque voudra s’attacher ses services devra se montrer généreux : Belotti a signé fin 2016 un nouveau bail le liant pour 5 ans au Torino, assorti d’une clause libératoire de 100 millions d’euros et le club italien aurait déjà refusé une offre des Gunners d’Arsène Wenger,de l’ordre de 65 millions, lors du dernier mercato.

 » ILS S’AMUSAIENT ET JE SOUFFRAIS  »

Des chiffres fous pour un gars qui faisait encore figure d’inconnu pour la plupart des suiveurs il y a un peu plus de deux ans. Surtout, rien ne prédestinait ce fan d’Andreï Shevchenko à un tel succès. A l’adolescence, il est jugé trop court par l’Atalanta Bergame, qui refuse de l’intégrer dans son école de jeunes. Son futur s’écrit donc en Bleu et Céleste, les couleurs de l’UC Albinoleffe où il fait toutes ses classes puis débute en Serie B un triste soir de 2012 face à Livourne.

Les Seriani s’inclinent lourdement (4-1) mais Belotti, déjà, trouve le chemin des filets. Relégué en fin de saison, le Lombard poursuit son apprentissage en Lega Pro (D3). Titulaire indiscutable, à 19 ans, il claque pas moins de 12 pions cette année-là, ce qui lui permet de se faire remarquer par la Sampdoria mais aussi Palerme qui débourse finalement un demi-million pour l’obtenir en copropriété.

Pour la première fois, Belotti doit quitter les siens pour aller exercer son métier à un peu moins de 1000 kilomètres de chez lui. Son adaptation au jeu des Siciliens se fait progressivement. Il faut dire qu’après des débuts mitigés, les Palermitains dominent la Serie B qu’ils finiront par remporter. Titulaire à 11 reprises, il doit faire face à la rude concurrence sud-américaine de l’Uruguayen Abel Hernandez et du prodige argentin Paulo Dybala, ce qui ne l’empêche pas de planter 10 goals. Convaincus, les dirigeants siciliens alignent alors pas moins de 5,5 millions d’euros pour s’assurer 100 % de la propriété du Lombard.

Un montant significatif qui ne transforme pas pour autant le Coq en titulaire. Giuseppe Iachini préfère miser sur un duo albiceleste avec Dybala et son compatriote Franco Vazquez. S’il prend part à chacune des 38 rencontres de Serie A, il n’en commence que 9 dans le onze de départ mais inscrit néanmoins 6 buts.

Belotti est toutefois loin de se décourager : malgré ce manque de confiance, il travaille d’arrache-pied à l’entraînement et tous, entraîneurs comme coéquipiers, louent son abnégation, son envie d’apprendre et son sens du sacrifice. Une caractéristique qui ne date pas d’hier comme il le confie en 2014 au Corriere dello Sport :  » Mon père m’a toujours dit que je devais me considérer comme chanceux, que des centaines d’autres n’avaient pas les mêmes opportunités que moi. J’ai fait beaucoup de sacrifices pour atteindre mon rêve. Mes amis allaient danser en boîte et je restais à la maison. Ils s’amusaient et je souffrais « .

Une mentalité qui n’échappe pas au Torino qui décide, mi-août 2015, de consacrer une partie des bénéfices de la vente de Matteo Darmian à l’achat d’Il Gallo pour l’équivalent de 8,4 millions d’euros.

ATTAQUANT À L’ANCIENNE

Le pari est osé : à 21 ans, l’attaquant n’a pas encore fait ses preuves au plus haut niveau. Il n’est pas grand (1m81 pour 72 kg) ni spécialement rapide ou particulièrement habile techniquement. Bon en tout mais excellent en rien, Andrea s’appuie sur des qualités qui ne sautent pas forcément aux yeux mais cependant précieuses :  » Je dirais que c’est un attaquant à l’ancienne. Il a un vrai sens du mouvement qu’il combine à un vrai cynisme face aux cages « , analyse Emiliano Mondonico, l’un de ses entraîneurs à Albinoleffe, pour So Foot.

 » Il peut aussi jouer deuxième attaquant et s’adapter à tous les postes devant, mais je pense qu’il doit jouer en pointe, où il peut réellement exploiter ses caractéristiques et sa vision du but.  » Travailleur, il s’érige continuellement en premier défenseur de son équipe et est surtout très complet comme le prouvent ses stats : sur ses 22 buts marqués en championnat, il en a inscrit 8 de la tête (personne ne fait mieux dans le Big 5), 9 du droit et 5 du gauche, son  » mauvais  » pied.

Il se montre également d’une efficacité rare puisqu’il a inscrit tous ses buts en ne tirant en moyenne que 3,3 fois par rencontre, loin derrière Cristiano Ronaldo (5,9), Edin Dzeko (5,1) ou Lionel Messi (5), les recordmen en la matière. Véritable renard des surfaces, il score presque toujours (21 sur 22) depuis le grand rectangle où il est constamment à l’affût.

Giampiero Ventura, le sélectionneur national, le connaît par coeur depuis qu’il l’a eu sous ses ordres au Toro et il n’a pas hésité à lui offrir ses premières minutes sous le maillot de la Nazionale en septembre dernier contre la France. A nouveau entré au jeu face à l’Espagne, il a débuté les trois dernières rencontres de l’Italie et a même débloqué son compteur face à la Macédoine et au Liechtenstein (2x). De quoi faire de lui le nouveau Christian Vieri comme l’a déclaré Fabio Cannavaro ?Belotti n’y voit pas d’inconvénient, c’est en adéquation avec le tatouage qui orne son bras :  » Les limites, comme les peurs, sont souvent juste des illusions.  »

PAR JULES MONNIER – PHOTO BELGAIMAGE

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