Jacques Sys

À un chouïa de l’hara-kiri

Jacques Sys Jacques Sys, rédacteur en chef de Sport/Foot Magazine.

Qu’est-ce qui pouvait tourner mal contre le Japon? Il était quand même impossible de perdre contre le 61e au ranking FIFA? Donc, on pensait déjà au match contre le Brésil. Ça allait être un test intéressant, un grand examen, le plus grand pour cette génération en or vantée jusqu’à l’ennui.

Qu’est-ce qui pouvait tourner mal contre le Japon? Il était quand même impossible de perdre contre le 61e au ranking FIFA? Donc, on pensait déjà au match contre le Brésil. Ça allait être un test intéressant, un grand examen, le plus grand pour cette génération en or vantée jusqu’à l’ennui.

Tout le monde pensait aux quarts de finale. En se demandant s’il ne valait pas mieux éviter le Brésil. La Suède ou la Suisse offraient quand même plus de perspectives. Et une fois en demi-finale, la voie de la finale était ouverte. Donc, mieux valait ne pas gagner contre l’Angleterre. Un raisonnement ridicule mais peu de personnes en ont eu conscience. Pendant des jours, on n’a parlé que du scénario de ce match. Finalement, les Diables Rouges l’ont emporté 1-0 parce qu’Adnan Januzaj a montré sa classe en inscrivant un superbe but. Le sélectionneur Roberto Martinez n’était pas content. La confiance est restée intacte. Y compris chez les supporters. Les rues se sont colorées de noir, jaune et rouge.

Finalement, les Diables Rouges se sont qualifiés pour ces quarts de finale. Mais ils ont beaucoup tremblé. Trop. La Belgique a eu du mal à entrer dans le match. La circulation du ballon a été trop lente en première mi-temps. Était-ce le tribut de l’excès d’assurance qui s’était insinué dans l’équipe? A 0-2, les Diables Rouges ont paru, un certain temps, manquer de la souplesse tactique requise pour frapper. Aucun joueur n’a émergé. Pas plus Vincent Kompany, qui a délivré quelques mauvaises passes, que les autres, tandis qu’Eden Hazard était visiblement irrité. Les joueurs se sont surtout regardés. Trop de footballeurs de beau temps, pas assez de guerriers, telle était la conclusion à ce moment.

Était-ce le tribut d’un excès d’assurance?

Le revirement s’est quand même produit et l’équipe a fait preuve de force mentale. Les Diables Rouges sont passés par le chas de l’aiguille. Et tout le monde est de nouveau content. Il n’en faut pas moins se poser des questions. Par exemple sur la fragilité de la défense. Peut-on conserver une défense à trois contre le Brésil, vendredi? Le sujet sera certainement discuté à suffisance. Reste à espérer que les Diables Rouges tirent des leçons du match de lundi. En interne, on procédera certainement à des analyses, par exemple sur les espaces laissés.

La qualification de la Belgique ne cadre pas avec une Coupe du Monde qui voit pas mal de favoris trébucher prématurément. Le tournoi est capricieux, le football statique et lent, la défense rude, avec un festival de passes latérales, des vedettes qui ne se distinguent qu’incidemment et sont incapables de démanteler les lignes défensives. S’agit-il des conséquences d’une lourde compétition pour les footballeurs qui évoluent dans les grands clubs européens et disputent jusqu’à 70 matches par an? A-t-on franchi les limites? Les vacances d’été sont de plus en plus courtes, mêmes durant les années sans grand tournoi. Mais dans sa quête d’argent, la FIFA ne tient guère compte de l’aspect sportif. Dans huit ans, elle va organiser un Mondial à 48 équipes, dans trois pays. Encore plus de matches, encore moins de spectacle.

La Coupe du Monde n’entrera pas dans l’histoire comme l’édition la plus spectaculaire, si ce n’est, peut-être du point de vue belge. Si la nonchalance fait place à la concentration, si on replace dans leur contexte les victoires contre le Panama et la Tunisie. Et si l’équipe se ressaisit vendredi contre le Brésil et parvient à exploiter les brèches pour être efficace à la transition. Si, encore, elle trouve la recette qui lui permettra de neutraliser Neymar, la star le plus fraîche de toutes suite à sa blessure et à sa longue inactivité. Pour cette levée, le match contre le Brésil est une occasion unique de montrer ce qu’elle vaut vraiment.

Par Jacques Sys

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire