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« À l’EURO, il n’y avait aucune préparation »

Thomas Bricmont

Sa saison à la Lazio, sa réputation de bad boy, le racisme, les critiques envers le grand frère ou le fiasco de l’EURO : pour la première fois depuis son arrivée en Serie A, Jordan Lukaku se raconte. En version XXL. Extraits.

Jordan Lukaku à propos…

…de la Serie A : « Tu dois être concentré à chaque match, chaque geste. À Ostende, il m’arrivait de corriger mes erreurs grâce à ma vitesse, ma puissance. Mais ici, ce n’est plus possible car les joueurs sont plus rapides, plus techniques, plus forts devant le but. Si tu commets une erreur, tu seras puni plus rapidement.(…) Je suis en pleine phase de développement et je ne connais aucun autre endroit où je pourrais progresser davantage tactiquement.(…) Par rapport à il y a six mois, je suis un autre joueur. On t’apprend tellement de choses : comment te tourner, comment mettre ton pied, des détails mais qui peuvent avoir leur importance.(…) Le foot en Italie, ce n’est pas les dames, c’est un jeu d’échecs. »

…des critiques du public: « Ça ne me fait ni chaud ni froid. Si je les gens m’aiment bien, tant mieux, s’ils ne m’aiment pas je m’en fous. C’est comme Romelu, les gens ne l’aiment pas. Contre la Bosnie, il avait raté une grosse occasion et s’était fait siffler, puis avait marqué dans la foulée. Moi, j’appelle ça de l’hypocrisie. Tu le siffles quand il rate mais tu l’encenses quand il marque. Les gens le trouvent arrogant ? Ce n’est pas le cas. Je suis beaucoup plus arrogant que Romelu (il rit). Romelu, je le trouve humble, gentil. Mais quand Romelu clame ses ambitions, tu as des gars comme Sonck qui lui répondent : revoie tes ambitions, ne te prends pas pour un autre. Mais t’es qui toi ? Pourquoi tu ne veux pas laisser un gamin rêver ? Les gens critiquent sa première touche de balle, sa technique, etc. Mais si vous voulez voir du beau football, je vous invite à aller au Parc du Cinquantenaire ou dans n’importe quel agora à Bruxelles, et vous allez voir de grands techniciens, même Eden (Hazard) prendrait 1000 petits ponts. Mais ici, le foot c’est autre chose. Romelu, son but c’est de marquer des goals, et il marque des goals. Mais il continue à se faire critiquer… »

…du racisme : « Quand Rüdiger ( joueur allemand originaire de la Sierra-Leone de l’AS Roma, ndlr) à la balle, j’entends les cris de singe (des supporters de la Lazio, ndlr) et pourtant je suis sur le terrain aussi. Je trouve ça ridicule mais bon…Le racisme, ça n’a pas commencé en Italie. La première fois, c’était en -14 avec les parents de Bruges. J’entendais des trucs comme sale peau de choco. Dans ma tête, je me disais : – Mais vous n’avez pas honte ? Vous avez 40 ans et vous vous en prenez à des gamins de 13 ans. Au final, ça nous motivait encore plus, et on leur donnait une plus grosse correction encore. Il y avait des clubs où l’on savait très bien qu’il y aurait des problèmes, comme Roulers, mais le plus problématique c’était Westerlo. Là, c’était incroyable. »

En action sous le maillot de la Lazio. Une blessure l'a malencontreusement privé de la finale de la Coupe face à la Juve.
En action sous le maillot de la Lazio. Une blessure l’a malencontreusement privé de la finale de la Coupe face à la Juve.© BELGAIMAGE

…de sa réputation de bad boy : « Tu dois vivre avec. Peut-être est-ce dû à mon franc-parler mais j’essaie toujours d’être dans le respect. Je ne vais jamais appeler un journaliste pour descendre un de mes coaches par exemple. Il y a aussi cette histoire de retrait de permis pour excès de vitesse. Là, on vient de me rajouter trois mois de retrait et une amende de 2000 euros alors que j’étais à l’entraînement. Et la personne qui avait conduit ma voiture a été se présenter pour expliquer qu’elle était bien au volant mais ça n’était pas suffisant, apparemment. Et pourtant cette personne vit à l’endroit où elle a été flashée, et elle reconnaît tout. C’est n’importe quoi. »

…de l’échec à l’EURO : « Le Pays de Galles, et avec tout le respect que j’ai pour eux, on doit toujours passer. Mais quand tu vas à l’EURO mal préparé, ça devient difficile de le gagner, ce n’est pas une partie de FIFA. À aucun moment, j’ai vu quelque chose qui ressemblait à une préparation de match. Tu peux le demander à tous les joueurs. Et s’ils ne le disent pas, c’est parce qu’ils préfèrent ne pas revenir là-dessus. Beaucoup de joueurs disaient publiquement qu’on allait à l’EURO pour le gagner mais on savait que ce serait extrêmement difficile vu la préparation. C’était hyper basique. On ne travaillait pas les phases arrêtées. Offensivement, c’était un bras premier poteau, deux bras deuxième poteau. Et à aucun moment, on n’a travaillé les phases arrêtées défensives.(…) La seule consigne que j’avais, c’était de donner la balle à Eden. Mais tu crois que c’est Olive et Tom !? Il est fort mais il avait trois hommes sur lui à chaque fois. Mais dès que j’avais le ballon, j’entendais : donne à Eden. C’est pas ça le foot de haut niveau. »

Par Thomas Bricmont à Rome

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