© Getty Images/iStockphoto

Dopage: pourquoi il faut agir avant… et après

Le CIO promet un programme de contrôle antidopage rigoureux pendant les jeux Olympiques d’hiver de 2018, mais c’est dans les mois précédant la compétition qu’un grand nombre d’analyses ont eu lieu. Les échantillons de Pyeongchang, eux, parleront peut être dans plus longtemps.

Secouée par le scandale de corruption à la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), sur fond d’athlètes russes dopés, puis par les révélations sur un système de dopage institutionnel en Russie touchant tous les sports, la lutte antidopage joue gros en Corée du Sud et a un besoin urgent de restaurer sa crédibilité.

Mais la bataille ne se joue pas forcément pendant la quinzaine olympique à venir.

– Partage d’expérience –

Le Comité international olympique (CIO) et l’AMA ont lancé une task-force très en amont des Jeux, avec le soutien des fédérations internationales de sports d’hiver, des agences nationales antidopage (Onad) et de l’Unité sport sans dopage (DFSU), rattachée à un autre groupement de fédérations (GAISF).

But de cette stratégie, « partager de l’expérience » et faire naître une « intelligence collective », explique à l’AFP l’ancienne ministre française des Sports Valérie Fourneyron, qui dirige la nouvelle Agence de contrôles internationale (ACI), pas encore opérationnelle en Corée du Sud.

« L’évaluation des risques est partagée entre tout le monde: en cas de performance inattendue d’un sportif, ou s’il renonce à une épreuve au dernier moment, les informations circulent. Ce travail est beaucoup plus pertinent et efficient », explique-t-elle.

« Une véritable stratégie se dessine, pour savoir quand est-ce qu’on cherche de l’EPO par exemple » avec des contrôles sanguins plutôt qu’urinaires, « ou quand est-ce qu’on fait du passeport sanguin » pour observer des variations suspectes dans le profil biologique de l’athlète, ajoute Valérie Fourneyron.

– ‘Jusqu’à cinq contrôles’ –

Au total, quelque 16.000 contrôles ont été menés dans ce cadre de tests pré-JO, depuis le 1er avril dernier, a indiqué samedi le directeur médical du CIO Richard Budgett. Sans indiquer combien avaient abouti à un résultat anormal, voire à une violation des règles antidopage.

Pour les experts de la lutte contre le dopage, il est aujourd’hui bien établi que les cures de produits dopants comme l’EPO ont lieu pendant les périodes d’entraînement, pour travailler plus dur et mieux récupérer.

« La construction d’une performance, elle commence au moins six mois avant les Jeux », confirme à l’AFP un enquêteur de l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), Rémi Wallard. En France, le programme de contrôles s’est traduit par une première liste très large de 700 sportifs susceptibles de partir à Pyeongchang, qui s’est réduite au fur et à mesure. « Sur 127 athlètes qui pouvaient partir (au final ils sont 108), l’AMA a préconisé un protocole particulier pour 27 d’entre eux », expose Rémi Wallard. « Certains ont eu jusqu’à cinq contrôles entre septembre et janvier. C’est beaucoup mais c’est une stratégie qui a du sens », estime l’enquêteur.

Reste qu’aux yeux de spécialistes de l’antidopage, l’EPO se consomme aujourd’hui à faible dose, pour passer entre les mailles des filets. Et certaines substances, comme les hormones de croissance, sont toujours difficiles à détecter.

Environ 2.500 contrôles (dont environ 500 tests sanguins) doivent être menés pendant la période de compétition à Pyeongchang, a expliqué le directeur médical du CIO. Le programme vise les meilleurs de chaque discipline et prévoit des contrôles inopinés. Ensuite, les échantillons seront conservés à l’avenir par le CIO, avec un délai de réanalyse possible pendant dix ans, pour permettre de nouvelles détections grâce aux avancées de la science.

Pour les Jeux d’été de Pékin en 2008, les réanalyses ont provoqué une pluie de disqualifications, 65 en tout, dont 41 médaillés, la plupart en athlétisme et haltérophilie.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire