Troisième étape: Verviers – Longwy

Après sa chute à l’Amstel Gold Race et son forfait pour le Giro, Philippe Gilbert y a-t-il pensé quand le Tour est revenu dans sa mire ? S’est-il souvenu que la troisième étape débutait à Verviers, la ville où il a vu le jour ? Le destin lui fait prendre un autre départ là aujourd’hui, à deux jours seulement de ses 35 ans. Si ce n’est pas une motivation ! Surtout pour cette étape car la victoire est à sa portée.

L’Espagnol Miguel Maria Lasa a gagné une étape du Tour dans la ville natale de Gilbert en 1976 et Freddy Maertens y a porté le maillot jaune. Le départ officieux a lieu à la gare. Le peloton effectue encore un circuit de cinq kilomètres à travers la ville du textile. Le départ officiel est donné juste en dehors du centre, avenue Reine Astrid. Après 67 kilomètres en sol belge, en passant le circuit de Spa-Francorchamps, notamment, le peloton pédale à travers le grand-duché de Luxembourg jusqu’à la frontière française et Longwy. Trois pays en une journée, c’est l’étape la plus internationale de cette édition.

POUR LES PUNCHEURS

Le parcours ne compte que quatre ascensions officielles mais en fait, ça ne cesse de monter et de descendre. De vraies montagnes russes avec en prime une arrivée en montée, la Côte des Religieuses, vers la citadelle de Longwy : 1,6 kilomètre à 5,8 % de moyenne. Les 500 premiers mètres sont les plus corsés (8,2%) avec un pic à 11 % tandis que les 600 derniers mètres ne présentent plus qu’une pente de 4 %. C’est délibéré : Thierry Gouvenou voulait initialement programmer l’arrivée au Luxembourg, à Esch-sur-Alzette, mais faute d’y avoir trouvé une arrivée en côte, il s’est rabattu sur Longwy. Les puncheurs vont pouvoir se livrer à fond. Ils sont de toute façon avantagés dans ce Tour avec une autre arrivée similaire, à Rodez, là où Greg Van Avermaet s’est imposé en 2015.

Dans la forme qu’ils détenaient au printemps, la côte de Longwy devrait être du petit lait pour Gilbert et son ancien coéquipier BMC. Ils devront toutefois se méfier de Peter Sagan, qui a déjà gagné trois étapes du Tour au terme de finales de ce genre : à Seraing et Boulogne-sur-Mer (2012) ainsi qu’à Cherbourg (2016). À moins qu’un autre puncheur, Alejandro Valverde ne frappe, neuf ans après son succès à Plumelec, dans un sprint en côte… Il avait battu un Philippe Gilbert encore très jeune, le jour de son anniversaire.

Les quatre meilleurs puncheurs de la décennie, sans oublier des sprinters qui grimpent bien comme Michael Matthews et John Degenkolb, qui tente désespérément de remporter son premier succès d’étape au Tour : le spectacle est prometteur.

SUCCèS BELGES

Gilbert et Van Avermaet peuvent se référer à des arrivées précédentes à Longwy, la ville qui, outre sa citadelle, réalisée par le maître français Vauban, est surtout connue pour ses décorations en émail et sa poterie. Les Belges ont signé un trois sur cinq là-bas : en 1911, Jules Masselis a obtenu à Longwy la première de ses deux victoires d’étape dans la Grande Boucle. Un an plus tard, un autre Flandrien, Odiel Defraye, a posé les jalons de sa seule victoire finale dans cette deuxième étape. Initialement, l’équipe française Alcyon ne l’avait même pas sélectionné. Elle ne l’avait repêché que sous la pression d’un représentant belge du sponsor mais en tant que valet du tenant français du Tour, Gustave Garrigou. Le Belge avait montré ce qu’il valait dès la deuxième journée, avec arrivée à Longwy, en battant Garrigou au sprint.

70 ans plus tard, en 1982, un compatriote a de nouveau triomphé à la citadelle : Daniël Willems, qui y a enlevé la première de ses deux victoires d’étape. Le Campinois, qu’on présentait comme le nouveau Merckx, roulait en tête avec Serge Demierre mais celui-ci n’a plus voulu prendre le relais dans le dernier kilomètre. Le peloton était sur les talons des deux échappés et Willems a donc proposé un deal au Suisse : 2.500 euros s’il roulait. Il a refusé et est resté dans la roue du Belge. Celui-ci a pédalé de tout son coeur et a battu Demierre au sprint, avec cinq secondes d’avance sur le peloton.

Hasard ou destin ? Cette étape s’est déroulée le 5 juillet 1982. Oui, le jour de la naissance d’un certain Philippe Gilbert…

 » Ce sont des montagnes russes avec en prime une arrivée en côte. « 

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