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Quinzième étape: Laissac-Sévérac l’Église – Le Puy-en-Velay

« J’espère que personne ne va reconnaître cette étape », a commenté Christian Prudhomme à l’issue de la présentation du parcours, en octobre. Il se réjouit de ce qu’il qualifie d’étape la plus trompeuse de ce Tour, qui est aussi une des plus belles. Elle est truffée de chausse-trappes, dans le décor de l’Aveyron, de la Lozère et de la Haute-Loire. « D’une beauté totale », selon Prudhomme.

Laissac-Sévérac l’Église est une des dix nouvelles villes étapes de ce Tour. Comme tant d’autres, c’est un minuscule village de 2.100 habitants. Pourtant, il accueille le plus grand marché aux bestiaux de France depuis le XVe siècle. Les amateurs de cyclisme connaissent mieux Laissac pour son épreuve de VTT, une course que Jean-Christophe Péraud, le deuxième du Tour 2014, a gagnée à cinq reprises. En juin 2016, la localité a également accueilli le Mondial de marathon de VTT, gagné par le Portugais Tiago Ferreira.

COWBOYS ET INDIENS

La première heure de course pourrait être passionnante : vive la retransmission intégrale ! Après douze kilomètres de plat, le peloton descend pendant sept kilomètres avant d’enchaîner avec la Montée de Naves d’Aubrac, un col de première catégorie, 8,9 kilomètres à 6,4 %. Une côte aussi proche du départ, c’est un cauchemar pour les non-grimpeurs ! Luke Rowe (Sky) en a parlé en ces termes dans l’édito paru récemment dans CyclingWeekly :  » Dès le départ, on sait qu’on va vivre une première heure horrible. Ça se remarque aussi à la tête que tirent les collègues. Les coureurs costauds sont nerveux car ils veulent grimper dans un groupe consistant, les baroudeurs sont nerveux parce qu’ils ne veulent pas rater la bonne échappée et les hommes de classement sont encore plus nerveux car ils peuvent se faire surprendre par des attaques inattendues.  »

Ce n’est pas un hasard si c’est un coureur Sky qui s’exprime. Le leader de l’équipe, Chris Froome, a perdu la dernière Vuelta à cause de l’Embuscade de Formigal. Ça pourrait être le titre d’un western. Les cowboys Alberto Contador, Nairo Quintana et Alejandro Valverde ont dégainé dans une étape apparemment banale de 118 kilomètres, pulvérisant le peloton. Froome et ses Indiens Sky ont été surpris et n’ont plus revu Contador et Cie. Résultats : deux minutes et demie dans la vue.

Les chemises noires britanniques ont subi le même sort dans l’avant-dernière journée du Tour de Catalogne. Movistar a encore attaqué dans la première ascension et dans la descente suivante. À nouveau, Froome était trop loin. Les dégâts ? 26 minutes ! La longueur de l’étape ? 189 kilomètres. Celle de cette étape-ci ? Voyez en haut de la page… Un pur hasard, en espérant pour le Britannique que ce ne soit pas un mauvais présage.

UN COMBAT

Froome n’a surpris personne en déclarant, après avoir pris connaissance du parcours, que  » certaines étapes vont contraindre les coureurs de classement à attaquer. Un challenge intéressant.  »

S’il n’y a pas de premier coup de feu à Naves d’Aubrac, l’attaque se déroulera dans la finale, sur les flancs du traître Col de Peyra Taillade, nouveau au Tour mais repris dans le Dauphiné 1997, dans une étape enlevée par Viacheslav Ekimov. Les coureurs avaient tremblé. Pourtant, l’ascension n’est pas insurmontable : 8,3 kilomètres à 7,4 %, mais le chemin est étroit, ce qui rend le positionnement crucial, surtout dans le tronçon médian très raide : deux kilomètres à 10 %, avec un pic à 14 %. Sur Strava, la plate-forme en ligne sur laquelle on peut télécharger des parcours à vélo, le chrono le plus rapide de tous les temps de ce tronçon est au nom de Romain Bardet. Le régional de l’étape, né à Brioude, vit désormais à Clermont-Ferrand. En août 2015, il a atteint une moyenne de… 12 km/h. Au Dauphiné 1997, certains coureurs ont dû mettre pied à terre, faute d’un braquet adapté à la pente.

Après le sommet, il reste 30 kilomètres d’une longue descente étroite jusqu’à la ligne d’arrivée, au Puy-en-Velay, une étape des pèlerins en route pour Saint-Jacques de Compostelle. À treize kilomètres de la ligne, il y a encore la Côte de Saint-Vidal, 1,5 kilomètre à 6 %. C’est le dernier tremplin pour une échappée ou pour des cowboys à la Bardet ou Contador. Froome a intérêt à armer son arc.

La première heure va être particulièrement passionnante.

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