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Quatorzième étape: Blagnac – Rodez

Début août 2015. La rédaction de Sporza reçoit un courriel, envoyé par Greg Van Avermaet. Peut-on lui envoyer l’extrait du commentaire radio de Christophe Vandegoor lors de son succès d’étape à Rodez ? Des connaissances lui ont expliqué qu’ils ont failli faire un infarctus en écoutant l’éruption verbale du journaliste et Van Avermaet aimerait l’écouter.

L’anecdote révèle l’importance qu’il accorde à cette victoire. Il la considère toujours comme le tournant de sa carrière. De champion du monde  » loupé de peu « , il est devenu un vainqueur. Par-dessus le marché, il a battu Peter Sagan dans un sprint en montée, ce qui rend son succès encore plus beau. Il a filé dans la Côte de Saint-Pierre à Rodez, qui fait 570 mètres à 8 %. Van Avermaet s’est attaqué au bastion slovaque à 400 mètres de l’arrivée et n’a cessé de planter ses banderilles.

Sagan a été terriblement frustré –  » I’m not sad. I’m pissed  » – car c’était sa quinzième deuxième place dans une étape du Tour. Ça ne l’a pas empêché de plaisanter, une fois la première déception passée :  » Les demoiselles du podium vont me consoler.  » Son patron, Oleg Tinkov, était moins enclin à rire : à en croire le tweet du Russe, il a démoli son coûteux poste TV Bang&Olufsen de rage.

Sagan a dit qu’il avait attendu trop longtemps mais il n’empêche : il a été battu par le Belge. Van Avermaet a été debout sur ses pédales pendant 400 mètres, poussant pendant une minute 913 watts, avec un pic à 1.500 watts. Il a franchi l’arrivée pentue à 36,44 km/h. Son coach chez BMC, Max Testa, a confié à notre magazine en début d’année :  » L’effort relève de la classe mondiale absolue. De là à le réaliser après deux semaines de Tour et une étape pénible, par 38 degrés, en étant partiellement déshydraté… Je n’ai pas souvent vu ça en trente ans de métier.  »

LE MÊME SCÉNARIO ?

La pénibilité de l’étape et de son ultime obstacle se reflètent dans le top dix : trois puncheurs sont arrivés après Van Avermaet et Sagan : le surprenant Bakelants, Degenkolb et Martens. Ensuite, on trouve cinq coureurs de classement : Froome, Nibali, Contador, Valverde et Van Garderen. Et Quintana à la douzième place. Les purs sprinters ont été largués : Kristoff a fini 34e à 45 secondes, Cavendish 13 secondes plus tard.

Va-t-on assister au même scénario dans cette étape ? Sans doute. Le profil du tracé à travers les Midi-Pyrénées est similaire, bien que le peloton démarre à Blagnac au lieu de Muret, et compte 17 kilomètres de moins, sur des chemins vallonnés. Les quinze derniers kilomètres sont identiques à l’étape 2015, la Côte de Saint-Pierre en constituant encore le point final.

Van Avermaet voudra rééditer son exploit tandis que l’orgueilleux Sagan voudra se venger. Degenkolb et Michael Matthews sentiront aussi leur chance, comme peut-être Michal Kwiatkowski, s’il ne doit pas se tuer au service de Froome. Souci possible : Bora-Hansgrohe, au service de Sagan, devra assurer le poids de la poursuite des échappés, éventuellement soutenu par les coéquipiers Sunweb de Matthews. BMC, Trek et Sky penseront avant tout au classement de Porte, Contador et Froome, et n’accéléreront sans doute que dans les derniers kilomètres. Un groupe de tête peut résister très longtemps, s’il comporte assez de puncheurs, comme en 2015 : Thomas De Gendt et Wilco Kelderman n’avaient été rattrapés que dans le dernier kilomètre.

UN NOUVEAU VOECKLER

Vous pouvez déjà noter le nom d’un échappé : Lilian Calmejane, qui passe à un jet de pierre d’Albi, sa ville natale. Le Français de 24 ans a été une des révélations du printemps, en remportant l’Étoile de Bessèges, le classement de la montagne à Paris-Nice, la Semaine cycliste internationale Coppi & Bartali et le Circuit de la Sarthe. Après une victoire d’étape à la dernière Vuelta, le nouveau Thomas Voeckler (son coéquipier chez Direct Energie) vise un premier succès au Tour. Aujourd’hui, il peut se rappeler la victoire à Rodez de son compatriote Pierre-Henri Menthéour en 1984, au terme d’un étape qui avait également débuté à Blagnac. De votre côté, réjouissez-vous plutôt à la perspective d’un énième duel entre un Belge et un Slovaque.

L’arrivée à Rodez est pareille à l’étape de 2015 où Van Avermaet avait devancé Sagan : on devrait encore assister à un duel entre les deux hommes.

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