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Pourquoi Sagan a enfin gagné un monument

Alors qu’il échouait de justesse depuis des années, Peter Sagan (26 ans) a gagné le Mondial puis le Ronde. Ce n’est pas un hasard.

A trois kilomètres de l’arrivée, il a jeté un premier coup d’oeil en arrière, pour regarder l’imitateur d’Eddy Merckx. Jusque-là, Peter Sagan était trop sûr de lui pour regarder ce qui se passait dans son dos, malgré l’attaque de Cancellara et de Vanmarcke. Il a ensuite conclu victorieusement un solo de treize kilomètres. Il s’était déjà échappé à Gand-Wevelgem et au GP de Montréal en 2013 comme au dernier Mondial mais jamais à plus de six kilomètres de l’arrivée.

Dimanche, il n’était même pas fatigué. « Du moins pas comme les trois dernières années. » Les jambes de Sagan avaient toujours déclaré forfait au Vieux Quaremont ou au Paterberg. Pas cette fois, notamment grâce à une nouvelle préparation : jusqu’au Circuit Het Nieuwsblad, fin février, il ne s’est pas aligné en compétition, préférant effectuer un stage en altitude à la Sierra Nevada. Avant le Mondial, le Slovaque s’était entraîné à Salt Lake City, dans les mêmes conditions.

Ce n’est pourtant pas uniquement grâce à ce stage qu’il tient plus de six heures à vélo. Peter Lagrou, le médecin sportif de Tinkoff, a trouvé la cause du problème au Tour de Californie en 2015. « Peter souffrait d’un déséquilibre de la hanche et des muscles des jambes, sans doute induit par une chute : les signaux nerveux qui devaient être émis vers ces muscles étaient coupés et son genou se tournait vers l’extérieur. C’était manifeste dans le sprint qu’il a perdu contre Van Avermaet au Tour. Ce problème provoquait des inflammations et l’empêchait de développer toute sa puissance, surtout dans les finales, car ses nerfs, fatigués, n’envoyaient plus les bons signaux aux bons muscles. »

Initialement, les spécialistes pensaient que le problème venait de la hanche, dont il souffrait régulièrement. « Heureusement que j’ai pu déterminer la source du problème en Californie », poursuit Lagrou. « Comme il a gagné deux étapes et le général, j’ai pu le convaincre de suivre la thérapie que je lui proposais. Nous avons travaillé progressivement, en perspective du Mondial. Il l’a gagné mais notre travail n’était pas achevé. »

Fin novembre, après son voyage de noces à Zanzibar, Sagan a donc passé une semaine avec Lagrou, au Wave Center d’Oostduinkerke. « Nous avons appris à son corps et à ses circuits nerveux à faire travailler les bons muscles en pédalant, par des exercices de stabilisation du tronc et de musculation ainsi que par des séances de vélo en puissance et en endurance. Il a passé des journées très dures, jusqu’à dix heures par jour, avant de suivre un programme complémentaire les mois suivants.

Sans avoir modifié sa position à vélo, Peter est maintenant très stable et peut à nouveau transmettre sa puissance aux pédales en vitesse, en souplesse et en force -aucun coureur n’est aussi complet et aussi bien proportionné. »

On a vu le résultat dimanche.

Par Jonas Creteur

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