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Jimmy Duquennoy: « Je ferai mieux dans un ou deux ans »

Membre de l’équipe WB Aqua Protect Veranclassic, Jimmy Duquennoy vit sa deuxième saison dans le peloton professionnel. Et dimanche dernier, le coureur belge s’est mis en évidence lors de la 80e édition de Gand-Wevelgem. À la veille du départ d’A Travers la Flandre, il s’est confié.

Plus de 180 kilomètres en échappée, c’est pas mal pour une deuxième participation sur Gand-Wevelgem, non ?

« Effectivement, surtout que c’est mon record dans une échappée ! Prendre la bonne, c’était l’objectif de la journée de notre équipe. On espérait voir Alex (Kirsch) et Justin (Jules) dans le final mais on n’était pas sûr de notre carte. C’est quand même une course World Tour, il y avait les meilleurs coureurs du monde. Il fallait donc que l’un d’entre nous soit à l’avant pour montrer le maillot. »

On se sent comment après plus de 180 kilomètres dans une échappée ?

« C’est la première fois que je vais au bout d’une course aussi longue (ndlr : il avait pris le départ de cette épreuve l’an dernier avant d’abandonner). Après 220 kilomètres, je commençais à ne plus avoir trop de jus. Heureusement, j’étais accompagné par un très bon groupe de rouleurs avec notamment un coureur comme Frederik Frison, une vraie machine. Tout le monde roulait à bloc, j’étais le plus jeune et sans doute à un niveau en-dessous de mes compagnons d’échappée. J’ai donc gratté quelques relais pour m’économiser mais tout le monde savait pourquoi. Personne n’y a prêté attention et cela n’a posé aucun souci. »

On connait le scénario sur ce genre de course mais à un moment, le groupe de tête a compté plus de dix minutes d’avance. Est-ce que tu t’es dit que ça pouvait aller au bout ?

« Franchement non. On savait qu’il y avait peut-être une chance sur 100, ce n’est vraiment pas grand-chose. Deux jours avant, Quick-Step avait réalisé une grosse démonstration sur le GP E3 Harelbeke. On se doutait donc que cette équipe allait prendre les choses en main à un moment ou un autre. »

« Mentalement, c’était très dur »

Finalement, quel était le but de ces kilomètres en tête alors ?

« On se devait de montrer le maillot, faire plaisir aux sponsors et cela m’a surtout permis de prendre de l’expérience. Et puis, ça a également fait plaisir à toute ma famille de me voir en tête à la télévision. C’est une bonne base pour le futur. L’objectif était d’être encore devant lors de la deuxième ascension du Mont Kemmel. J’ai été repris dans la descente de cette deuxième ascension. À ce moment, je savais que c’était terminé pour moi. »

Tu t’es mis en évidence alors que tu n’aimes pas spécialement cette course, non ?

« Effectivement, c’est une course très spéciale. L’an dernier, je m’étais dit que je ne la ferai plus. Dans l’équipe, il y avait trop de malades, j’ai donc dit à mes dirigeants : pas de problème, je prends le départ. C’est une course où cela frotte toute la journée, c’est très nerveux. Je pense que c’est même plus dur de rester dans le peloton que de prendre une échappée. C’est aussi pour ça que j’ai décidé de m’extirper du peloton. Mais ça a tout de même été très dur d’intégrer la bonne échappée. Surtout qu’à part Roompot et notre équipe, aucune des autres formations invitées n’a su prendre cette échappée. On a donc bataillé durant 20 kilomètres, où l’écart stagnait à 30 secondes, pour que le peloton nous laisse finalement partir. Mentalement, c’était très dur et à ce moment, j’avais déjà utilisé quelques cartouches. »

Une promesse à la maman de Frank Vandenbroucke

Tu as passé la journée en tête avant de terminer au 86e rang. Ta deuxième participation te satisfait ?

« Franchement, je n’ai même pas regardé mon classement final. Je sais juste que j’ai terminé dans le troisième groupe. Dans un ou deux ans, je pourrai faire mieux, mais pour cette année c’est déjà pas mal. J’ai pris la bonne échappée, j’avais des bonnes sensations. C’était une bonne journée, et globalement cela confirme mes bonnes sensations du début de saison. »

Qu’est-ce que tu retiendras de ton deuxième Gand-Wevelgem ?

« Plusieurs choses. J’avais promis à la maman de Frank Vandenbroucke que je passerais en tête dans le Plugstreets. C’était assez marrant puisqu’on en parlait encore la veille. J’en avais également discuté avec le père de l’un de mes collègues Franklin (Six). Du coup, quand je suis passé, il a gueulé quelques conneries. Des choses personnelles qui m’ont bien fait rire. »

Désormais, quelle est la suite de ton programme ?

« Demain (aujourd’hui), je prendrai le départ d’A Travers la Flandre. Ensuite, je serai également aligné sur le Tour des Flandres (dimanche), le GP de l’Escaut (mercredi prochain) et Paris-Roubaix (dimanche prochain). Après cette dernière course, je couperai pendant quelques jours, ça va me faire du bien. »

« Paris-Roubaix : un rêve de gosse qui se réalise »

Un programme chargé avec notamment une première participation à la Ronde et sur l’Enfer du Nord

« Effectivement ! Ce sont des courses impressionnantes avec un nombre incalculable de personnes au bord des routes. J’ai déjà pu voir ça sur le GP E3 Harelbeke. C’était incroyable, on était vendredi et pourtant dès le départ, il y avait une foule pas possible. En plus, Paris-Roubaix, c’est la course qui m’a toujours fait rêver. C’est un rêve de gosse qui se réalise. »

Tu iras avec quel objectif ?

« Si je parviens à faire le tour du vélodrome, cela sera déjà un bel objectif. »

À 22 ans, tu estimes que tu peux encore progresser dans quels domaines ?

« Je me dois déjà de perdre encore quelques kilos. Ensuite : je pense que la maturité viendra plus tard, il faudra surement que j’attende 26-27 ans pour obtenir cela. Je pourrai alors montrer de quoi je suis capable, prouver que je sais être utile et parvenir à faire un résultat. »

Justement, elle est pour quand ta première victoire ?

« C’est difficile, car pour le moment je n’ai que des grosses courses au programme. Et je suis plus au service de Kenny (Dehaes) et Justin (Jules). Je n’ai pas l’étoffe d’un leader mais plus celle d’un équipier. J’aurai sans doute une chance à jouer sur des courses d’un niveau inférieur lors des mois de mai et juin. »

Sébastien Gobbi

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