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Giro, Tour, Vuelta: le test comparatif

Trois à la file ? Chris Froome, en quête d’une victoire dans le Giro après avoir gagné l’an passé le Tour et la Vuelta, s’est lancé dans un défi qui réinstalle le concept des grands tours dans l’actualité du cyclisme.

Seuls, les deux plus grands champions de l’histoire, le Belge Eddy Merckx et le Français Bernard Hinault, ont enchaîné les victoires dans ces trois épreuves qui ont pour point commun actuel leur durée (21 étapes). Et beaucoup de différences.

Une couleur pour chaque grand tour

Le jaune est la couleur du Tour de France depuis 1919, quand Eugène Christophe endossa à Grenoble la tenue réservée au premier du classement général. C’était aussi la couleur de L’Auto, le journal fondateur de la course en 1903.

De la même façon, le Giro a adopté le rose en 1931. L’épreuve créée en 1909 était organisée par le quotidien sportif La Gazzetta dello Sport, qui continue à être imprimé sur un papier de cette couleur.

En revanche, la Vuelta a oscillé entre différentes teintes: l’orange, le presque jaune, le blanc, l’orange de nouveau, le rouge version pourpre, le bicolore (bande rouge sur fond blanc), le jaune amarillo durant une longue période. Puis, le rouge depuis 2010. Définitivement ?

Le Tour au sommet de la hiérarchie

Si les chiffres de retransmission pour le Giro 2018 -198 pays- équivalent sensiblement à ceux du Tour de France, il en va tout autrement dans la réalité économique. « Le Tour, c’est 70 % des retombées d’une saison de cyclisme », estime-t-on dans plusieurs équipes du WorldTour. Dès lors, les patrons d’équipes font de la qualification automatique au Tour un point crucial dans tout projet de réforme du cyclisme d’élite.

Dans un passé déjà lointain, le Tour et le Giro se situaient à un niveau proche, malgré une date -juillet est un mois de vacances- plus favorable pour la course française. Mais l’écart s’est creusé dans les années 1980. En même temps que la télévision apportait à l’épreuve une toute autre dimension.

Le sociologue Jean-François Mignot estime que, dans les années 1980 et 1990, le chiffre d’affaires du Tour a été multiplié par près de dix et les droits de retransmission télévisée par soixante-cinq.

Les recettes du Giro et de la Vuelta

Pour se rapprocher du Tour de France, qui dispose d’une solide avance, le Giro continue à chercher sa voie sur le marché international. Son ancien directeur, Michele Acquarone, l’a reconnu quand il a expliqué dernièrement au site spécialisé Velonews la stratégie adoptée: « Nous avions seulement à copier ce qu’ASO avait fait avec le Tour au cours des trente dernières années. »

La Vuelta, jadis plus courte que les deux autres épreuves, est installée à la troisième place chronologique de la saison. Propriété d’ASO (partiellement à partir de 2008, puis complètement), elle tente de s’inspirer des recettes commerciales du Tour de France. Et à se différencier sportivement des deux autres grands tours, par un parcours multipliant les arrivées en côte ou au sommet.

Parcours, météo, course: des exigences différentes

Si la Vuelta s’adresse avant tout aux grimpeurs, le Giro et le Tour cherchent à privilégier un coureur complet. Les deux courses ont un haut degré d’exigence. A cause, pour le Giro, du parcours, traditionnellement le plus difficile, et de la météo, pouvant aller en mai d’un extrême à l’autre. A cause, pour le Tour, de l’incomparable âpreté de l’épreuve liée aux enjeux.

« Le peloton est moins nerveux sur le Giro, il y a beaucoup moins de tension, de danger », souligne Thibaut Pinot, l’un des candidats au podium de cette 101e édition. Et le Français de souligner l’ambiance du Giro, course à taille humaine: « C’est moins la folie, c’est moins gigantesque. »

Pas sûr, toutefois, que l’avis convienne aux organisateurs de la course rose qui cherchent à développer le Giro quitte à partir hors d’Europe !

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