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Samuel Wanjiru, l’étoile filante du marathon

Petit tour d’horizon des Jeux Olympiques d’hier et d’aujourd’hui, des champions passés et présents.

Accusé de tentative de meurtre par sa femme, piégé par l’alcool et les faux amis, le Kényan Samuel Wanjiru, apparu comme un météore dans le ciel du marathon en devenant champion olympique à seulement 21 ans en 2008 à Pékin, s’est éteint trois ans plus tard, défenestré, dans des circonstances toujours mystérieuses.

Wanjiru s’est révélé au monde dans la capitale chinoise, où il est devenu le plus jeune champion olympique du marathon depuis l’Argentin Juan Carlos Zabala (20 ans) en 1932 à Los Angeles. Ni la chaleur, ni l’humidité ne l’affectent et il améliore de près de trois minutes en 2 h 6 min 32 sec le précédent record olympique datant de 1984. Il est le premier Kényan à décrocher l’or olympique dans cette discipline.

Le coureur au visage juvénile et à la candeur désarmante n’en est qu’à son troisième marathon mais il est alors déjà perçu comme une menace pour le détenteur du record du monde, l’Ethiopien Haile Gebreselassie.

Né dans une famille d’éleveurs près de Nyahururu, au centre-ouest du Kenya, à plus de 150 km au nord de Nairobi, Wanjiru s’est rapidement fait remarquer à l’école pour ses prouesses athlétiques.

Adolescence au Japon

« Samuel était tellement motivé qu’il me réveillait tôt le matin pour qu’on aille s’entraîner », se rappelle son entraîneur Robert Kioni. Cette détermination l’amène, à l’âge de 16 ans, à partir étudier et s’entraîner au Japon, à la Sendai High School.

Wanjiru intègre ensuite la structure professionnelle de l’entreprise Toyota et progresse vite. En 2005 à Bruxelles, il bat le record du monde juniors du 10.000 m (26:41.75), puis en 2007 à La Haye améliore le record du monde du semi-marathon (58 min 33 sec).

Après son titre à Pékin, il est accueilli comme un roi à Nyahururu, où des milliers de personnes se sont entassées dans un stade pour le fêter. Mais sa popularité va le mener vers sa fin.

Il décide de quitter le Japon pour se rapprocher de son épouse Trizah Njeri et de sa fille Ann, née en 2007. Mais il est bientôt sollicité de toutes parts et se retrouve victime de son entourage.

« Par nature, Wanjiru était un homme très modeste », raconte l’un de ses amis, le journaliste Peter Njenga. « Beaucoup de jeunes athlètes comptaient sur lui et il avait l’habitude de payer leur nourriture et leur logement. » « Mais il a aussi commencé à être entouré de gens vivant à ses crochets, qui n’étaient pas intéressés par son bien-être mais qui voulaient surtout une partie de son argent. Il a lentement été détruit par les gens du coin », ajoute-t-il.

Lente descente aux enfers

Wanjiru connaît des soucis personnels, la rivalité entre sa mère et sa femme s’accentuant, et se met à boire. Cela ne se traduit cependant pas immédiatement sur ses résultats. Il est le plus jeune coureur à avoir gagné quatre marathons majeurs (Pékin 2008, Londres 2009 et Chicago 2009, 2010).

Fin 2010, son épouse l’accuse d’avoir tenté de la tuer, avant de retirer sa plainte. En janvier 2011, il est victime d’un accident de la route, qui le contraint à renoncer au marathon de Londres.

La soirée fatidique a lieu le 15 mai 2011. Rentrée à leur domicile plus tôt que prévu, son épouse le surprend au lit avec une autre femme. Furieuse, elle quitte la maison en enfermant son mari au premier étage. Wanjiru se dirige vers le balcon, d’où il saute, ou tombe, selon les versions. La police conclut à un suicide mais la thèse de l’accident ne peut pas être écartée.

Son image sera ensuite ternie par une bataille très médiatique autour de son héritage, la mère de l’athlète, Hannah, accusant notamment sa belle-fille d’avoir tué son fils.

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