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Le krav maga ou l’art de neutraliser sans douceur

Méthode de combat rapproché née dans le secret de l’armée israélienne, le krav maga impose désormais dans le civil ses prises spectaculaires et ultraviolentes popularisées par Hollywood comme la méthode ultime d’autodéfense.

« L’idée est d’arriver à toucher très rapidement les points faibles de son agresseur (nez, gorge, yeux et parties intimes) et d’utiliser pour se défendre ce qu’on a à sa disposition, une bouteille de bière, un bâton ou un fusil dans le cas du krav maga militaire, plutôt que d’utiliser son corps car le corps, ça se casse et ça fait mal », explique à l’AFP Elad Nimni, officier instructeur dans l’armée israélienne.

Le krav maga ou l'art de neutraliser sans douceur
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Même si le krav maga (krav pour combat, maga pour contact, en hébreu) emprunte des techniques à la boxe, à la lutte ou au ju-jitsu, il se distingue des sports de combat par une règle: n’en respecter aucune. Au krav maga, on apprend à sauver sa peau et tous les coups sont donc permis.

Dans le gymnase de la base militaire du nord d’Israël où Elad Nimni officie, les soldats de l’unité Golani simulent des situations de combats, harnachés de tout leur équipement. Des instructeurs leur hurlent dessus et les font courir dans tous les sens pour faire monter leur rythme cardiaque et leur niveau de stress, sur fond de musique techno et dans une odeur âcre de sueur. L’idée, assure M. Nimni, est d’apprendre au soldat à se défendre quand il n’a pas le temps, la possibilité ou le droit de tirer.

« Je vois la différence chez un soldat entre avant et après son premier entraînement de krav maga, il prend confiance en lui, il est moins cramponné à son arme, il comprend qu’il en est moins dépendant », explique l’officier instructeur, bottillons, treillis kaki et montagne de muscles sous son tee-shirt noir ajusté.

En Israël, les séances d’entraînement au krav maga – une vingtaine sur six mois pour les combattants et de simples initiations pour les non-combattants – sont un passage obligé du service militaire, obligatoire dans ce pays.

Une discipline de combat qui s’exporte

L’inventeur du krav maga est Imi Lichtenfeld, un juif né en Hongrie. Dans l’Europe des années 30, il avait réuni autour de lui un groupe de jeunes juifs qu’il voulait former à l’autodéfense en pleine montée du nazisme et du fascisme. Lorsqu’il rejoint l’armée israélienne en 1948, il se fixe pour objectif de développer une méthode simple, efficace et rapidement assimilable pour répondre aux besoins de l’armée. Le krav maga est aussitôt adopté, évoluant au fil des retours d’expérience des soldats sur le terrain.

Dans les années 1980, Imi Lichtenfeld autorise son disciple israélien Eli Avikzar à internationaliser le krav maga. Plusieurs armées étrangères s’y sont aussi initiées, faisant appel à d’anciens instructeurs militaires israéliens recrutés après leur service.

« En quelques années, le krav maga est devenu hyper répandu. C’est notre trésor, on en est fier, on le protège », assure M. Nimni, qui ne sait pas encore s’il est prêt lui aussi à « s’exporter ».

Le krav maga séduit de plus en plus les familles

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Spectaculaire par sa violence, le krav maga a trouvé une place privilégiée dans les jeux vidéo ou sur les plateaux de cinéma (Taken, La Vengeance dans la peau, X-Men). Pour Chris Couch, ancien combattant des Marines américains, devenu instructeur et ceinture noire de krav maga en 2014, « cinématographiquement, c’est parfait, le krav maga donne un effet réaliste, il est ultrarapide, ultraviolent et efficace ».

Angelina Jolie, déjà initiée à cette discipline pour son rôle dans « Tomb Raider » et son mari Brad Pitt en ont fait leur activité de couple favorite et jugent ce sport « idéal pour brûler les calories », confiaient-ils à la presse en 2014. D’ailleurs, Chris Couch dit voir de plus en plus de pères de familles, mais aussi d’enfants et de femmes, s’inscrire à son école située à Los Angeles.

Le krav maga attire notamment un public en quête de techniques efficaces pour se défendre et se protéger. Au Canada, une Israélienne ayant été agressée sexuellement durant son adolescence a même développé une version du krav maga dédiée aux femmes, dont l’outil principal sont des chaussures à talons, selon le New York Times. En France, après les attentats du 13 novembre 2015, des clubs locaux de krav maga ont enregistré des records d’inscription.

Dans ses cours à Los Angeles, Chris Couch insiste sur la nécessité du contrôle de soi: « Je dis toujours à mes élèves de faire tout ce qu’il faut pour se défendre, mais juste ce qu’il faut. Nous, on n’est pas là pour arrêter un méchant mais pour échapper à un agresseur et rentrer chez soi sain et sauf », dit-il.

Alan Garcia, videur dans un night-club de Los Angeles, s’est converti au krav maga il y a quatre ans, pour son travail, afin de « neutraliser son adversaire avant même d’en venir à la baston ». Mais il dit aussi y trouver un vrai plaisir grâce à la « montée d’adrénaline » lors des entraînements.

« Pour moi, c’est une addiction. Je vais à l’entraînement au moins deux fois par semaine », renchérit Alex Jackson, un enseignant américain de 38 ans qui reconnaît n’avoir encore jamais mis en pratique son savoir-faire.

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