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Le football gaélique, un coin d’Irlande sur les terrains français

Un curieux mélange de football, de rugby, de basket et de volley: le football gaélique, sport roi en Irlande, s’implante progressivement en France depuis une vingtaine d’années.

Un crachin très irlandais accompagne ce lundi soir, dans la ville endormie, la fin d’entraînement du club de football gaélique de Liffré, près de Rennes. Voilà plus de deux heures que les « Sangliers », champions de France 2013, répètent leurs gammes sur un terrain synthétique dernier cri.

Le sport le plus populaire d’Irlande emprunte à plusieurs disciplines collectives. On y joue à la fois à la main et au pied, à 15 contre 15 (à 11 en France, sur des terrains plus petits), avec des poteaux en forme de « H »: un point si le ballon, rond et assez lourd, passe au-dessus de la barre et trois en-dessous, en trompant la vigilance d’un gardien.

« On traîne, par méconnaissance, une image violente, alors qu’il y a peu de contacts (pas de tacles ni de placages, ndlr). C’est un sport facile d’accès, très complet, ludique et rapide », résume Olivier Kowarski, entraîneur à Liffré.

Le club de la petite ville bretonne est l’un des 25 recensés en France, où la barre du millier de licenciés devrait être franchie pour la première fois cette année. Parmi les autres places fortes: Paris, Rennes, Bordeaux ou Toulouse, des villes pouvant souvent profiter de l’apport d’étudiants ou d’expatriés irlandais.

« Contrairement à nos voisins, il y a chez nous une volonté de se développer par l’intermédiaire de joueurs locaux plutôt que des expatriés », nuance Cyril Besseyre, président de la Fédération française de football gaélique (FFFG).

– ‘les transferts interdits’ –

Avec ses trois divisions masculines et son championnat féminin, la France est le pays d’Europe continentale où la discipline est la plus structurée. « Le football gaélique a connu une croissance spectaculaire, notamment dans des régions comme la Bretagne et la Galice. Je suis fier et heureux de voir ce sport, si enraciné dans la culture irlandaise, intéresser autant de monde en dehors de notre île », apprécie Tony Bass, cadre de la GAA (Gaelic Athletic Association).

Les clubs français sont tous affiliés à cette organisation très influente, qui a accompagné au début du XXe siècle le mouvement nationaliste irlandais, lorsque la pratique d’une discipline gaélique était un acte de résistance à l’occupation britannique. « C’est un sport très lié à l’histoire et à l’indépendance de l’Irlande », confirme le coach liffréen Olivier Kowarski, également sélectionneur de l’équipe de France. « Il a des valeurs très fortes et différentes de celles du sport professionnel, car il est entièrement amateur, les joueurs jouent toute leur vie pour leur club ou leur comté, les transferts sont interdits. »

Ces valeurs de « combativité », d' »amour du maillot » et de « camaraderie » trouvent un écho particulier en Bretagne, qui abrite à elle seule près de la moitié des clubs français. « Les Irlandais sont un peu nos cousins », explique le professeur d’EPS de 45 ans, triskell autour du cou, alors que l’un de ses joueurs arbore sur un mollet le tatouage d’une croix celtique.

Sponsorisés par un pub rennais, les jaune et noir de Liffré se sont récemment rapprochés d’une association locale de danse irlandaise. Mais la FFFG assure vouloir s’inscrire « au-delà du folklore ».

Sa sélection masculine s’en sort d’ailleurs plutôt bien sportivement, si l’on en croit sa finale aux GAA World Games 2016, sorte de Coupe du monde (sans l’Irlande), perdue contre New York sur la pelouse du mythique Croke Park de Dublin. Un souvenir « magique » pour le capitaine de l’équipe de France Antoine Duros: « C’est un peu comme jouer au Maracanã pour un footballeur. Croke Park, c’est le temple des sports gaéliques. »

« Les Irlandais ont pu voir que notre niveau n’était pas ridicule », ajoute cet autre prof d’EPS. « Nos stratégies ne sont pas forcément les mêmes, nous avons nos propres qualités, avec un jeu peut-être moins rugueux, plus en mouvement. » Le French flair sans doute.

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