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L’ultime « rêve » du nageur tunisien Oussama Mellouli

Sportif tunisien le plus titré de l’histoire, le nageur Oussama Mellouli aborde à 32 ans ses 5e Jeux Olympiques, libéré de toute pression, et il « rêve » d’une ultime consécration en guise d’offrande pour ses proches et pour la « Tunisie libre ».

Premier nageur à décrocher l’or olympique à la fois en bassin et en eau libre, Mellouli défendra à Rio son titre sur le marathon 10 km, devenu sa grande spécialité. Mais le natif de La Marsa n’écarte pas l’idée de participer aussi au 1.500 m, la distance qui lui avait permis de remporter l’or en 2008 à Pékin, puis le bronze à Londres.

Rencontré dans le centre de Tunis à la veille de son départ pour la Californie, où il s’entraîne depuis près de 15 ans, Mellouli évoque à ce sujet « une décision stratégique ».

« Le 1.500 m aura lieu trois jours avant le 10 km. Ça peut affecter ma fraîcheur, mais ça peut aussi être un bon indicateur. On va voir avec mon entraîneur », explique-t-il à l’AFP.

Quoi qu’il en soit, à 32 ans, dont la moitié passée au haut niveau, le nageur sait que le défi sera « très difficile », à l’image de sa qualification pour le 10 km arrachée début juin au Portugal.

Après Londres, bardé de titres mondiaux – même si deux lui ont été retirés en 2007 après un contrôle positif aux amphétamines -, Mellouli avait longuement hésité à se projeter vers de 5e Jeux.

‘Rédemption’

Mais après « six mois de recul », dont une partie dans son pays alors en pleine transition post-révolution, le nageur s’est finalement pris à rêver à une ultime « consécration ».

« En général, 99% des athlètes, on est des rêveurs », explique le trentenaire. « Du moment où le rêve est né dans notre esprit, on va le chercher. En ce qui me concerne, c’est comme ça depuis que j’ai 16 ans. »

Ce « rêve » olympique, Oussama Mellouli dit aussi vouloir l’accomplir pour ses proches, dont sa mère Khadija, et ceux qui l’ont accompagné tout au long de sa riche carrière.

« A Tunis, Marseille, Font-Romeu, aux Etats-Unis: j’ai eu la chance de travailler avec des gens exceptionnels qui m’ont poussé à atteindre ce palmarès », souligne-t-il.

Vedette en Tunisie, le nageur n’oublie pas son pays, dont le destin a basculé en 2011 avec la chute du régime de Ben Ali. Le régime Ben Ali avait exploité ses succès, et Mellouli a souffert des accusations de proximité avec l’ancien pouvoir. Aux JO-2012, il avait ainsi décrit son triomphe comme celui de « la rédemption ».

Désormais, il évoque la question avec détachement.

« J’étais le seul athlète vraiment très populaire sous Ben Ali, et j’en parle ouvertement. Le fait de décrocher une autre médaille, en 2012, pour la révolution tunisienne, c’était un moment très important de ma carrière », assure-t-il.

Des Etats-Unis, il continue de suivre de près le chemin tortueux de la jeune démocratie tunisienne, récemment frappée par une série d’attentats jihadistes.

‘Slogan américain’

« Avant, c’était notre famille qui s’inquiétait pour nous quand on était loin. Maintenant, c’est nous qui nous inquiétons pour eux », commente Mellouli. Mais « même s’il y a des sacrifices à faire, des choix difficiles, on est fier de cette démocratie ».

Après Pékin en 2008, le nageur sera de nouveau porte-drapeau à Rio, et il se réjouit d’y représenter la « Tunisie libre ».

Quinze ans après une première médaille d’argent, chez lui, aux Jeux méditerranéens, croit-il en un nouvel exploit ?

« Avec les JO, je vais aborder quelque chose que je connais bien. Pour les jeunes, ça va être différent », avance-t-il. « Serein et optimiste », Mellouli loue aussi la relation de confiance renouée avec les instances fédérales de son pays, qui lui permet de se concentrer sur sa préparation.

« +Eat, swim, sleep, repeat+, c’est la routine d’un athlète. On mange, on nage, on dort, on répète. Faut penser qu’à ça! ».

Sur sa « vie d’après », Oussama Mellouli affirme avoir « pas mal d’idées » pour le sport tunisien, et espère être un jour « en position de les concrétiser ». Il déclare surtout vouloir « continuer de donner le bon exemple à la jeunesse », avec l’idée que « si tu rêves grand, que tu travailles dur, tu peux y arriver ».

« Certains peuvent dire que +ça c’est des slogans américains ou français, ce n’est pas pour nous en Tunisie+. Mais moi (…) je pense que le Tunisien peut faire des choses extraordinaires », clame-t-il.

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