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Jornet et D’haene, deux super phénomènes bien différents, à la Pierra Menta

Fou-amoureux de montagne, Kilian Jornet écrit depuis 10 ans les plus belles pages de l’aventure extrême, une dimension où il a été rejoint par un autre phénomène, François D’haene. Une même passion mais une approche bien différente.

Jornet, un Catalan âgé de 30 ans qui a grandi en haut de la montagne, a tout tenté pour tout réussir. Il court. Avec ou sans skis. L’été, il s’adonne à l’ultra trail et l’hiver, il fait du ski alpinisme. Cette semaine, il est engagé dans le Beaufortin sur la plus prestigieuse des courses de la discipline, la Pierra Menta, qu’il a déjà remportée 4 fois.

Parmi les autres concurrents se trouve D’haene, un Lillois de 32 ans devenu montagnard et viticulteur et qui fait sensation depuis 3 ans en signant des exploits. En ultra trail mais pas en ski alpinisme, contrairement à Jornet qui joue avec force sur les deux tableaux.

Tous deux sont clairement aujourd’hui les super stars de la montagne, avec la mention ‘légende’ accolée au nom de Jornet. En mai dernier, il a fait une nouvelle fois la preuve de ses qualités exceptionnelles en réalisant une double ascension de l’Everest en une semaine sans oxygène ni équipement spécifique. D’haene arrive derrière lui à grands pas (pour l’instant en ultra trail). Il a établi en octobre un record en avalant 359 km en 2 jours et 19 heures sur le John Muir Trail (Etats-Unis).

– Exil –

Mais l’un et l’autre ne fonctionnent pas du tout à l’identique. « Je ne fais pas forcément l’Everest. Du moins pas pour le moment », raconte à l’AFP D’haene. « Kilian vient à la base du ski alpinisme, c’est vraiment son sport qu’il aime et de prédilection, il a ensuite évolué vers le trail. Moi ma priorité c’est la saison estivale parce que j’ai une vie de famille, j’ai une vie sociale et c’est très compliqué d’enchaîner les 2 saisons ».

Francois D'haene
Francois D’haene© AFP

« Lui pour l’instant arrive à enchaîner les 2 saisons, ils sont très peu à pouvoir le faire et il le fait très bien. Je pense que c’est la grosse différence entre nous aujourd’hui », poursuit D’haene, papa de 2 jeunes enfants.

Outre le fait que physiquement, ils sont à l’opposé – Jornet mesure 1,71 m pour moins de 60 kg et D’haene culmine à plus de 1,90 m pour quelque 75 kg – ils vivent leur passion différemment.

– ‘Ma folie’ –

Jornet s’est exilé dans les fjords norvégiens avec sa petite amie suédoise lors de l’hiver 2016 après 7 ans passés à Chamonix. « Je ne suis pas quelqu’un de très sociable, j’ai besoin de solitude, être tout seul en silence. C’est important pour se connaître. En n’étant pas trop sociable. La Norvège c’est la taille de la France en km2 pour 5 millions d’habitants! Tu as de la montagne, le rythme de vie est différent, c’est plus calme, il y a moins de stress », confie Jornet, qui a dédié toute sa vie à sa pratique. « C’est ma folie, ma passion, c’est depuis toujours. Mes parents m’ont appris l’amour de la montagne, je n’ai pas eu le choix », lance-t-il.

De son côté, D’haene articule son amour pour la montagne avec celui pour sa femme et leurs deux enfants. « Ma famille est indispensable pour mon équilibre. J’ai une vie totalement différente de celle de Kilian. Le fait d’avoir des enfants, d’avoir un domaine viticole, je ne peux pas vivre seul et de mon côté. Ce côté social est aussi important », souligne le Français, qui produit plus de 10.000 bouteilles par an dans le Beaujolais.

Trois jours après avoir remporté la course mythique d’ultra trail, l’UTMB, fin août, devant le maître Jornet, D’haene faisait les vendanges.

Reste que tous deux ont cette même philosophie de la vie: se faire plaisir. En explorant et en jouant avec leurs limites. A l’extrême.

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