© PHOTOPQR/LE PARISIEN

Jordan rompt le silence

Michael Jordan est, à son tour, sorti du mutisme, imitant l’exemple d’autres sportifs noirs qui dénoncent les violences policières et la montée du racisme aux Etats-Unis.

Que Michael Jordan, toujours réservé en la matière, soit à son tour sorti du bois, a fait l’effet d’une surprise de dimension aux States. L’ancienne star de la NBA, âgée de 53 ans aujourd’hui, perçoit encore quelque 100 millions d’euros par an de l’équipementier Nike en matière de sponsoring. En tant que tête de pont de la marque, Air Jordan s’abstient d’ordinaire de toute immixtion sur le terrain politique ou dans les sujets sensibles. Car, dit-on, « même les Républicains achètent des chaussures de basket. »

Mais après une série d’incidents dramatiques, Jordan a avoué qu’il se devait de rompre le silence. Sans, pour autant, choisir son camp car sa donation de 2 millions de dollars (1,8 million d’euros) est équitablement répartie entre un ‘Fonds pour la promotion des personnes de couleur’ et ‘l’Institut pour les relations entre la police et la communauté’.

« Il est temps que les stars noires du sport américain se soucient moins de leur portefeuille et plus de cette matière délicate » observe le professeur Charles Ross, chef de la section des études afro-américaines à l’université du Mississipi. « Ils ne doivent pas seulement être de couleur noire, il faut aussi qu’ils soient Noirs dans leur tête. »

Mais prendre position sur le plan politique reste tabou dans les grandes compétitions américaines. C’est ce qu’ont pu constater les dames des Minnesota Lynx, début juillet, lorsqu’elles apparurent sur le terrain revêtues de T-shirts où l’on pouvait lire Black Lives Matter. Elles furent imitées par les représentantes de New York Liberty, Indiana Fever et Phoenix Mercury mais la Women’s National Basketball Association (WNBA) réagit de manière virulente en infligeant une amende de 5000 dollars par club et 500 autres par joueuse.

Le nombre de coaches afro-américains a beau croître, aux Etats-Unis, jusqu’à nouvel ordre, seul Michael Jordan est le seul propriétaire noir d’une équipe (Charlotte Hornets) en NBA. Et ce, dans un état, la Caroline du Nord, où les changements politico-sociaux ne font sûrement pas figure de priorités. C’est ce qui est ressorti récemment lors d’un vote concernant les toilettes, obligeant les transgenres à utiliser celles de leur sexe initial. La réaction de la NBA fut de ne pas organiser le All-Star Game à Charlotte, arguant que ‘de telles lois sont contraires aux valeurs (respect, égalité et diversité) de la NBA. Un pas dans la bonne direction…

Par Jürgen Kalwa et Chris Tetaert

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