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Dopage: entre fureur et fatalisme, la Russie attend la réaction de Poutine

La Russie oscillait mercredi entre fureur et fatalisme après la décision du Comité internationale olympique (CIO) de la suspendre des JO d’hiver, un éventuel boycott de la compétition restant en suspens en attendant la prise de parole de Vladimir Poutine.

Mardi soir, le CIO a suspendu la Russie des jeux Olympiques d’hiver 2018 pour dopage institutionnalisé, ouvrant toutefois la porte aux sportifs « propres » qui pourront concourir sous drapeau neutre. Cette décision est sans précédent dans l’histoire de l’olympisme: pour la première fois, un pays entier est suspendu pour dopage.

Le monde olympique comme la Russie sont maintenant dans l’attente de déclarations de Vladimir Poutine. Le président russe, qui a par le passé dénoncé les enquêtes du CIO ou de l’Agence mondiale antidopage (AMA) comme des attaques contre son pays, pourrait réagir à cette décision mercredi à l’occasion du Forum national des bénévoles. Déjà le 19 octobre, Vladimir Poutine avait prévenu: obliger les athlètes russes à évoluer sous bannière neutre constituerait une « humiliation pour la Russie ».

En attendant sa prise de parole, les responsables sportifs comme politiques étaient prudents sur la perspective d’un boycott de la compétition par la Russie. Le chef du Comité olympique russe, Alexandre Joukov, a assuré que les sportifs russes se décideraient le 12 décembre sur leur participation ou non sous drapeau neutre. « Nous nous attendons à ce que ça soit discuté avec les sportifs lors de la prochaine réunion du Comité olympique russe » prévue le 12 décembre, en compagnie des sportifs, des entraîneurs et des dirigeants des fédérations sportives concernées, a-t-il déclaré mardi soir au micro de la chaîne Pervy Kanal, tout de suite après la décision du CIO.

La majorité des sportifs russes, tout en regrettant la décision du CIO, exprimait toutefois la volonté que ceux qui le veulent puissent participer aux Jeux de Pyeongchang. « Il faut aller aux jeux Olympiques. Refuser, c’est se rendre », a déclaré le médaillé olympique de hockey sur glace Ilya Kovalchuk, cité par l’agence de presse TASS. « M’adressant aux athlètes, je veux dire qu’ils ne doivent absolument pas désespérer et continuer à s’entraîner pour les Jeux », a de son côté déclaré la star du saut à la perche, Yelena Isinbayeva, qui a entamé une reconversion politique.

– ‘Option dure’ –

Les médias russes, de leur côté, regrettaient la décision tout en saluant la possibilité laissée aux sportifs russes de participer aux JO. « C’est dur d’accepter ces accusations et ces punitions. Mais le destin de nos athlète et notre place dans la famille olympique sont plus importants », écrit le journal sportif Sport Express.

Le quotidien dénonce la décision du CIO, « très dure et dans un sens humiliante pour la Russie », citant le bannissement à vie de Vitali Moutko, vice-Premier ministre russe et figure du sport russe en tant que ministre, organisateur en chef de Sotchi-2014 ou grand ordonnateur de la prochaine Coupe du monde de football 2018. Mais le président du CIO Thomas Bach « a laissé la porte ouverte à la Russie » en autorisant les sportifs à participer et à avoir le mot « Russie » sur leurs survêtements, ajoute le journal sportif.

Le quotidien Kommersant écrit de son côté que « le CIO a choisi une option dure, mais pas la plus dure ».

Chez les politiques et les médias proches du Kremlin, les réactions étaient beaucoup plus indignés. Le vice-président de la Douma (Chambre basse du Parlement), Piotr Tolstoï, a ainsi estimé mardi soir sur Pervy Kanal que « c’est toute la Russie qu’on humilie en la privant du drapeau et d’hymne ».

Le président du comité des Affaires étrangères de la Douma, Konstantine Kossatchev, a lui estimé mercredi sur Facebook que la décision du CIO « fait partie du programme de l’Occident pour freiner la Russie ».

Les critiques s’attaquent aussi au lanceur d’alerte et ancien directeur du laboratoire antidopage de Moscou, Grigori Rodtchenkov. « Il est le traître parfait », explique le tabloïd Komsomolskaïa Pravda », ajoutant que le CIO a prouvé « qu’on peut détruire un pays olympique sur la base de preuves indirectes et d’un seul témoin ».

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