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Coville pulvérise le record du tour du monde en solitaire à la voile

Thomas Coville a porté un coup extraordinaire au record du tour du monde à la voile en solitaire dimanche en passant sous la barre des 50 jours, loin, très loin des trois ans qu’avait mis le premier marin à avoir réalisé l’exploit il y a un peu plus d’un siècle.

Le navigateur français, parti de Brest le 6 novembre dernier, a passé la ligne d’arrivée virtuelle avec 8 jours et 10 heures d’avance par rapport au précédent record de son compatriote Francis Joyon (57 j 13 h 34 m 6 sec).

Coville a réussi son pari fou à sa cinquième tentative, après 2 tours du monde sans record (59 j 20 h 47 mn 43 sec. en 2008/09 et 61 j 05 min 05 sec. en 2011) et 2 abandons (en 2007/2008 et en 2014).

Le navigateur est attendu lundi matin à Brest (Bretagne), après une dernière nuit à bord avec son équipe, « un sas de décompression essentiel après sept semaines éprouvantes en mer ».

Rappel de l’histoire des tours du monde à la voile

Depuis le Canadien Joshua Slocum en 1895, ils ont été quelques-uns à réaliser le rêve ultime du marin du grand large, celui de faire le tour du monde à la voile (d’ouest en est). Plusieurs ont inscrit leur nom au palmarès des records mais avec des différences.

Il y a eu des tours du monde en solitaire mais avec escale, des tours du monde sans escale mais en équipage, et des tours du monde en solitaire et sans escale sur des monocoques. Celui de Coville est un tour du monde en solitaire sans escale et sur un multicoque (un maxi-trimaran, Sodebo Ultim’), les bateaux les plus rapides.

En solitaire et en multicoque, c’est Alain Colas (Manureva) qui a tracé la voie en 1973 mais avec une escale. Sans aucune halte, c’est Francis Joyon qui a ouvert le compteur en 2004.

Slocum, le tout premier

C’est en 1892 que Joshua Slocum, un quinquagénaire canadien, s’élance sur un voilier de 11 m (Spray), une épave qu’il a totalement retapée. C’est le premier à tenter un tour du monde à la voile en solitaire, évidemment avec escales. Il mettra trois ans à signer l’exploit qui fera de lui une célébrité et disparaîtra en mer en 1909.

De Manureva à Un autre regard

A bord de Manureva, le navigateur Alain Colas part le 8 septembre 1973 du port de Saint-Malo. Après une halte d’un mois en Australie, il boucle son tour du monde en 169 jours et devient le premier à réaliser cette odyssée sur un trimaran.

En 1986, Philippe Monnet, sur le trimaran Kriter, part avec l’intention de boucler son tour du monde d’une traite. Mais il est contraint de faire escale en Afrique du Sud et en Nouvelle-Zélande et arrivera 129 jours plus tard dans le port de Brest.

Olivier de Kersauson s’élance en 1988 à bord de son trimaran Un autre regard. Mais lui aussi est contraint à deux escales techniques et finit son tour du monde en 125 jours 19 heures 32 minutes.

L’ère sans escale de Joyon

En février 2004, Francis Joyon, 47 ans, passe sous la barre mythique des 80 jours, établissant un premier temps de référence en solitaire en multicoque et sans escale de 72 jours 22 heures 54 minutes 22 secondes.

A la barre de son trimaran IDEC (27 m de long), il réalise, de l’avis de ses pairs, un exploit, une performance qu’il sera difficile d’améliorer.

Il pulvérise le record en multicoques d’Olivier de Kersauson (125 jours 19 heures et 32 minutes réussi en 1988-89) et celui de Michel Desjoyeaux (93 jours 3 heures 57 minutes et 32 secondes) établi en monocoque lors de sa victoire dans le Vendée Globe 2000-2001.

Le coup de maître de MacArthur

En février 2005, un an tout juste après la performance historique de Joyon, une femme de 28 ans, la Britannique Ellen MacArthur, sur B&Q Castorama (23 m), améliore ce record d’un jour et de huit heures, au prix d’une traversée qui marquera le monde de la voile et le grand public (71 jours 14 heures 18 minutes). La jeune femme sera anoblie par la Reine d’Angleterre.

Joyon, encore

Le 20 janvier 2008, Joyon reprend le record du tour du monde en solitaire sur Idec (30 m) et entre dans la légende de la voile grâce à un temps de 57 j 13 h 34 min et 6 sec, soit… 14 jours de moins que MacArthur.

Joyon a lui-même été bluffé par sa performance alors qu’il estimait ses chances à une sur trois ou quatre et que son objectif initial était de descendre sous les 70 jours. Il est accueilli sur la ligne d’arrivée par MacArthur.

Au moment même où Coville vient d’améliorer ce record de 8 jours dimanche (en 49 j 3 h 7 min et 38 sec), Joyon est en train de relever un autre défi: la tentative de record du tour du monde à la voile en multicoque, en équipage et sans escale. Il est parti le 16 décembre et doit être de retour avant le 30 janvier à 23h00 pour battre le record de 45 j 13 h 42 min, établi en janvier 2012 par Loïck Peyron et ses 12 équipiers du trimaran géant Banque Populaire V.

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