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Bolt, l’Eclair de l’athlétisme

Le nouveau triomphe d’Usain Bolt dimanche à Pékin consacre son statut d’icône de l’athlétisme acquis au fil des ans par l’enfant de Jamaïque, surnommé l’Eclair, au point d’en incarner l’image jusqu’à épuisement. Hors Bolt, point de salut. Médiatiquement tout au moins. Et c’est bien là toute la particularité de l’ère Bolt, relayée par présidence finissante de Lamine Diack à la tête de la fédération internationale (IAAF).

Qui aurait pu imaginer que cet enfant de Trelawny, né il y a 29 ans, allait devenir cette autoproclamée légende de son sport? On a tout dit de cet athlète incroyable, repéré dès les cadets, qui souffre depuis l’adolescence d’une scoliose matérialisée par une différence de longueur d’1,4 cm entre la jambe droite et la gauche. Dire que les médecins ne le voyaient pas faire carrière. La bonne blague. Depuis 2008 et son triplé aux JO de Pékin, dans ce même Nid d’Oiseau qui l’a vu terrasser dimanche une nouvelle fois le 100 m, c’est bien plus qu’un coup de foudre qui unit Bolt à l’athlétisme.

Pour le plaisir d’écrire l’histoire

Lamine Diack ne s’y est d’ailleurs pas trompé, samedi, dans son discours d’ouverture des Mondiaux-2015, en rendant hommage à Bolt, et à lui seul. Bolt sur les affiches, Bolt dans les spots télévisés… Avec des revenus annuels estimés à une vingtaine de millions de dollars, celui qui a succédé à Bob Marley en tant qu’étendard de la Jamaïque court désormais pour le plaisir d’écrire l’histoire.

Bolt est un cadeau tombé du ciel pour l’athlétisme, en manque de locomotive auparavant, et l’avenir sans lui -probablement après 2017- devra être minutieusement préparé par la famille du sport olympique N.1.

Bolt rayonne car il détonne. On a tout dit également de son appétit de victoire, aussi gigantesque que celui qui lui permettait dans sa jeunesse d’ingurgiter des nuggets, ces boulettes de poulets frits, au grand mépris de toute logique nutritive. Son signe de l’Eclair a fait le tour du monde, conquérant pacifiquement enfants et adultes. Mais Bolt n’est bien pas qu’un animateur hors-pair, DJ à ses heures perdues -et elles sont nombreuses- ou un collectionneur invétéré de trophées. Son nouveau sacre dimanche en fait désormais l’athlète le plus médaillé (11) et le plus titré (9) de l’histoire des Mondiaux d’athlétisme.

Sauveur du sprint

Bolt a grandi avec l’athlétisme, sa présence se renforçant au fil des ans jusqu’à rejeter les autres disciplines dans l’ombre. Il a encore acquis dimanche un nouveau statut, en devenant en quelque sorte le sauveur du sprint. Sa victoire face à l’Américain Gatlin, double suspendu pour dopage pendant 5 ans, est celle d’un athlétisme propre, jusqu’à preuve du contraire, face aux affres du passé. Du pain béni pour une discipline tourmentée par de nombreuses affaires ces dernières semaines. Bolt, le Messie. Pour l’être, il a compris qu’il lui fallait ménager son corps, pour continuer à régner malgré le poids des ans. Après presque deux saisons blanches en 2014 et 2015, Bolt a souffert comme jamais pour remonter la pente. Bolt a fait parler l’autre Bolt, celui qui se tient loin des caméras, celui qui grimace de douleur à l’entraînement et pas par plaisir devant les photographes. A 29 ans (depuis jeudi), Bolt a remplacé les nuggets par les longues séances de soins. Et son attitude au départ des courses, aussi communicative soit-elle, révèle aussi une plus forte concentration. Un passage en juillet chez son médecin fétiche l’Allemand Hans-Wilhelm Müller-Wohlfart, lui a enfin permis de débloquer son dos, fatigué par des années de compétitions et de scoliose. Restait ensuite à avaler du tartan, au soleil de Jamaïque, puis sous la pluie londonienne, pour affiner la silhouette et réapprendre à allonger la foulée, la plus incomparable du circuit. Bolt est encore là, et l’athlétisme peut respirer.

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