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Au Japon, berceau des jeux vidéo, l’eSport décolle à peine

paradoxe surprenant: si l’eSport connaît un engouement grandissant dans le monde, sa popularité n’atteint étrangement pas des sommets au pays de Sony et Nintendo, un retard surprenant que le Japon tente de rattraper.

Alors que tout semblait réuni pour cela, la greffe n’a pas pris. Si la Corée du Sud fournit actuellement le principal contingent de joueurs professionnels d’eSport, et organise les principaux événements de la discipline, les Japonais sont très loin du devant de la scène. Une incongruité au pays où sont pourtant nés les premiers jeux vidéo au début des années 70 et où deux géants Sony et Nintendo dominent le marché des consoles.

Un sous-développement étonnant mais qui a son explication. La législation japonaise concernant les jeux d’argent a longtemps freiné la professionnalisation des joueurs, limitant leurs éventuels revenus. Celle sur la diffusion des contenus numériques en public également. Il y aussi des raisons culturelles: le mode de consommation des jeux vidéo au Japon – téléphone, jeux d’arcade – n’a longtemps pas correspondu à la pratique de l’eSport, plutôt sur ordinateur. Et les jeux les plus populaires au Japon ne sont pas forcément des jeux d’eSport.

– Perspectives –

Ce différentiel a plombé l’essor de la discipline dans l’archipel pendant des années, mais des perspectives sont en train de s’ouvrir.

Certains joueurs japonais vont pouvoir se frotter aux meilleurs du monde lors du Tokyo Game Show, le plus grand salon pour le jeu vidéo en Asie qui débute jeudi et où sont attendus près de 250.000 visiteurs.

Sur une scène de combats et de tournois dressée pour la première fois au milieu de l’immense et bruyant centre d’exposition de Makuhari (à Chiba), les joueurs vont s’affronter sur des jeux de combat comme Street Fighter V ou des simulations de football.

Une compétition classique, mais qui peut participer à faire évoluer les mentalités.

« Beaucoup de gens ici ne connaissent même pas le mot eSport. Mais ce (spectacle au Tokyo Game Show) pourrait changer radicalement les choses », confie à l’AFP Taichi Shibuki, président d’une société de jeux vidéos (JPPVR), croisé sur le salon.

« J’espère que les Japonais vont se rendre compte que gagner de l’argent et gagner sa vie en tant que professionnel du jeu vidéo est tout aussi génial que d’être joueur de tennis comme (Kei) Nishikori ou d’autres », ajoute Taichi Shibuki.

– De plus en plus de filles –

Parmi les Japonais qui vont rivaliser sur scène, il y a d’ailleurs également des Japonaises comme Mika Sawae, directrice artistique d’une entreprise de Tokyo.

« J’ai pris un jour de congé pour venir au TGS. J’aime les jeux de combat », dit-elle à AFP.

Elle est l’une des rares femmes à participer, mais elle confirme que de plus en plus de filles s’adonnent aux jeux vidéo.

La discipline est d’ailleurs en plein essor: l’eSport sera une discipline à part entière aux Jeux asiatiques de 2022 en Chine et frappe aussi aux portes des jeux Olympiques… mais pour l’après JO-2020 à Tokyo.

Le Tokyo Game Show accueille cette année plus de 600 exposants qui présentent une très large palette de divertissements numériques, dont les grandes sagas à la notoriété planétaire et, à l’autre bout du spectre, de très spécifiques et confidentiels jeux pour une niche du public japonais.

Nintendo ne participe pas à ce salon, mais sont néanmoins représentées des sociétés de développement de jeux pour sa console Switch, ainsi bien sûr que pour la PlayStation 4 de Sony, l’habituelle marque vedette locale du salon.

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