Assez tourné autour du pot

En plein vol, quelque part entre Bruxelles et Sarajevo, le président de l’UB, Gérard Linard, a arpenté le couloir de l’avion. Il a serré la main de tous les sponsors en leur demandant de leurs nouvelles. Dans son sillage, Mehdi Bayat, l’administrateur délégué du Sporting Charleroi, membre du conseil d’administration de la fédération. Hormis cette tournée, Linard allait rester dans le vague dans lequel il se complaît depuis qu’il a succédé à François De Keersmaecker il y a trois mois. Pas d’interview et donc pas d’avis, pas de point de vue, pas de stratégie.

Nul n’en attend pour le moment. À Sarajevo non plus, une ville en reconstruction, même si les impacts de balles et de missiles encore visibles dans certains immeubles délabrés rappellent la terrible guerre civile. Tous les guides parlent de l’horreur qui s’est abattue sur la région de 1994 à 1998. Le football est un exutoire pour la population. Les internationaux bosniens sont animés du même patriotisme. Les Diables Rouges en ont fait l’expérience.

La concentration est un des chantiers de Roberto Martinez. Le sélectionneur le rappelle souvent et il a encore constaté des carences en la matière à Sarajevo. Un superbe début de match, une touche d’arrogance après un quart d’heure de jeu puis une lutte intense pour se défaire de Bosniens déchaînés. Martinez a parlé d’un pas en avant sans s’attarder sur les erreurs défensives. Il a vanté la rage de vaincre affichée. C’est bizarre car on est en droit d’attendre de footballeurs de ce niveau qu’ils étalent en permanence pareille mentalité.

Pourtant, cette équipe n’est toujours pas capable de rester concentrée pendant 90 minutes. La classe y est, la motivation pas toujours. Il faudrait aussi mettre fin d’une manière adulte au feuilleton Radja Nainggolan. Le médian de l’AS Rome apporte une plus-value à cette équipe. C’est un casseur et un constructeur à la fois, il pense et agit en un temps. Des joueurs capricieux peuvent perturber l’ambiance d’un groupe, certainement pendant un tournoi, comme ce fut le cas au Mondial 1998 avec Enzo Scifo. Il revient précisément à l’entraîneur de les intégrer et de les surveiller. Martinez ne le fait pas et c’est décevant, d’autant que Nainggolan n’est pas mal vu du groupe.

Après une courte pause, le championnat reprend ses droits ce week-end. L’arrivée à Anderlecht d’Hein Vanhaezebrouck fait couler beaucoup d’encre. Nul ne connaîtra jamais le fin fond de l’histoire. Ce n’est pas nécessaire non plus. On a assez tourné autour du pot, assez discuté, comme souvent quand il s’agit de questions épineuses. Ce qui importe, c’est de savoir si Vanhaezebrouck va réussir à remettre les Mauves sur les bons rails. On connaît sa philosophie du football mais ça ne veut pas dire qu’il va muer d’emblée le Sporting en équipe aventureuse. Ça requiert du temps. Il le rappellera souvent dans les semaines à venir.

Gand entame également un nouveau chapitre. Le club a raison de clore définitivement le chapitre Vanhaezebrouck, même si, en interne, cette affaire a laissé beaucoup de plaies. Avoir l’opportunité de travailler à Gand est un cadeau du ciel pour Yves Vanderhaeghe. C’est arrivé un jour après que Vanhaezebrouck eut dit que Vanderhaeghe, qui a refusé le poste d’entraîneur-adjoint d’Anderlecht, se laissait sans doute monter la tête par une série de clubs.

On a assez discuté ces dernières semaines. Qu’on joue, maintenant ! Avec des entraîneurs qui assument leurs responsabilités au lieu d’ouvrir leur parapluie quand ils perdent car il devient lassant d’entendre tous ces entraîneurs rejeter la faute d’une défaite sur leurs joueurs. Ceux qui se respectent eux-mêmes n’ont pas besoin de pareille autoprotection.

PAR JACQUES SYS

Bizarre qu’on loue tant la rage de vaincre des Diables Rouges.

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